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« Qui va s’occuper du chat ? » de Myriam Depaux
Publié le 6 octobre, 2021

Myriam Depaux née à Mons est journaliste et vit à Hyon.  Elle est l’auteure d’un livre « Qui va s’occuper du chat ? Un récit personnel, intime qui parlera pourtant à tout le monde. Pendant sept ans elle livrera un combat pour que son père, gravement malade, puisse rester vivre dans sa maison avec son chat…  jusqu’à la fin.

Willy est atteint d’une maladie incurable, le diabète,  dont « on meurt à petit feu» lui prédira un médecin.  Et le chemin, il est vrai, a été long et douloureux.  Les nombreuses hospitalisations, la souffrance, les amputations, la perte totale d’autonomie. Et toujours cette lucidité, jusqu’au dernier jour.

« Qui va s’occuper du chat ? » c’est donc l’histoire d’un chat.  Mais pas seulement… ?

« En effet.  Le chat, Perlimpinpin, était un chat abandonné  qui a élu domicile chez mon papa à l’avenue d’Hyon.  Ce n’était pas évident.  Papa avait peur de mourir avec le chat qui était encore bien jeune.  Qui allait alors s’en occuper ?  Moi bien sûr, mais on ne le disait pas, ni lui ni moi.  Car c’était parler de la mort de mon papa.  C’était impensable même si  la réalité était tout autre.  Ce chat, c’était comme un cadeau tombé du ciel.  Sa présence, ses petites bêtises, ces ronrons… c’était la vie dans la maison. Le kiné qui venait à la maison trouvait cela peu hygiénique.  Mais trop d’hygiène tue l’amour.  Un monde aseptisé, c’est bien triste, on s’y sent si seul ».

Votre papa était très souffrant ?

« Quand j’en parle aujourd’hui, la douleur reste intacte.  Le temps n’efface rien.  Et je pense que la souffrance que supportent ceux que l’on aime est plus cruelle que celle que l’on peut endurer soi-même. Papa était diabétique depuis ses 50 ans. Il était scrupuleusement suivi au niveau médical.  Et puis tout s’est emballé vers la septantaine.  La perte de la sensibilité au niveau des doigts, des pieds. La perte d’équilibre, la gangrène, les amputations.  Les hospitalisations.  Il a été hospitalisé des mois durant. Pour moi, c’était un cauchemar de le voir subir ça. Il a passé des années dans une chaise roulante ou couché sur le dos un lit médicalisé. Vous savez, quand on est amputé des jambes, on n’a même plus la capacité de se redresser seul puisqu’on ne sait plus prendre appui sur ses pieds. »

Vous écrirez que vous avez eu peur de mourir avant lui.

« C’est vrai.  Quand on m’a annoncé que j’avais un cancer « bien avancé » pour dire les choses pudiquement… j’ai paniqué.  Et si je mourais avant mon papa ? Et s’il devenait orphelin de sa fille ?  Je ne voulais pas lui infliger ce chagrin.  Je devais vivre, pour lui.  J’aurais vécu ma mort comme un abandon. »

Vous vous êtes battue pour que votre papa reste chez lui jusqu’à la fin ?

« Oui, et cela n’a pas été facile. On a beau aimer, on s’épuise aussi dans ce combat.  Parce que les aides ne sont pas toujours adaptées, parce que c’est souvent si compliqué.  Que ce soit pour les repas, pour un simple déplacement. Tout se médicalise, s’organise, se programme.  Alors qu’on voudrait simplement vivre et penser à autre chose qu’à la maladie.  Mais avec le recul, je me dis qu’on a quand même réussi ça. Papa est resté dans sa maison jusqu’au bout.  Lui, comme moi, ne souhaitions pas dans sa situation de dépendance totale, qu’il soit « placé » comme on dit, dans une maison de retraite.  On l’aurait « sorti » de temps en temps.  Il aurait eu droit à quelques animations, des visites aux heures dites, des repas imposés.  Une petite vie, dans une petite chambre, avec sa petite télé, son petit frigo, quelques photos de famille.  Un monde rétréci.    Au moins, il est resté chez lui, avec  son chat.  Avec sa fille qui passait tous les jours.  Chez lui, dans un monde qui lui appartenait, où l’on pouvait encore entendre les pas de sa femme, même si elle n’était plus de ce monde. J’ai voulu témoigner et je ne donne de leçon à personne. Mais je pense sincèrement qu’il n’y a que l’amour, le don de soi, qui peuvent un peu adoucir toute cette solitude, cette dépendance, cette souffrance. « Nos » aînés ont une vie ; ils savent mieux que nous ce qui est bon pour eux.  Ecoutons-les. Parce  qu’une vie c’est comme une bibliothèque, pleine d’histoires. »

Prix : 13,50 euros aux Editions Edilivre. Pour commander le livre, vous pouvez contacter l’auteure par mail : myriamd412@gmail.com ou par téléphone au 0479/491698

« Qui va s’occuper du chat ? » de Myriam Depaux
Publié le 6 octobre, 2021

Myriam Depaux née à Mons est journaliste et vit à Hyon.  Elle est l’auteure d’un livre « Qui va s’occuper du chat ? Un récit personnel, intime qui parlera pourtant à tout le monde. Pendant sept ans elle livrera un combat pour que son père, gravement malade, puisse rester vivre dans sa maison avec son chat…  jusqu’à la fin.

Willy est atteint d’une maladie incurable, le diabète,  dont « on meurt à petit feu» lui prédira un médecin.  Et le chemin, il est vrai, a été long et douloureux.  Les nombreuses hospitalisations, la souffrance, les amputations, la perte totale d’autonomie. Et toujours cette lucidité, jusqu’au dernier jour.

« Qui va s’occuper du chat ? » c’est donc l’histoire d’un chat.  Mais pas seulement… ?

« En effet.  Le chat, Perlimpinpin, était un chat abandonné  qui a élu domicile chez mon papa à l’avenue d’Hyon.  Ce n’était pas évident.  Papa avait peur de mourir avec le chat qui était encore bien jeune.  Qui allait alors s’en occuper ?  Moi bien sûr, mais on ne le disait pas, ni lui ni moi.  Car c’était parler de la mort de mon papa.  C’était impensable même si  la réalité était tout autre.  Ce chat, c’était comme un cadeau tombé du ciel.  Sa présence, ses petites bêtises, ces ronrons… c’était la vie dans la maison. Le kiné qui venait à la maison trouvait cela peu hygiénique.  Mais trop d’hygiène tue l’amour.  Un monde aseptisé, c’est bien triste, on s’y sent si seul ».

Votre papa était très souffrant ?

« Quand j’en parle aujourd’hui, la douleur reste intacte.  Le temps n’efface rien.  Et je pense que la souffrance que supportent ceux que l’on aime est plus cruelle que celle que l’on peut endurer soi-même. Papa était diabétique depuis ses 50 ans. Il était scrupuleusement suivi au niveau médical.  Et puis tout s’est emballé vers la septantaine.  La perte de la sensibilité au niveau des doigts, des pieds. La perte d’équilibre, la gangrène, les amputations.  Les hospitalisations.  Il a été hospitalisé des mois durant. Pour moi, c’était un cauchemar de le voir subir ça. Il a passé des années dans une chaise roulante ou couché sur le dos un lit médicalisé. Vous savez, quand on est amputé des jambes, on n’a même plus la capacité de se redresser seul puisqu’on ne sait plus prendre appui sur ses pieds. »

Vous écrirez que vous avez eu peur de mourir avant lui.

« C’est vrai.  Quand on m’a annoncé que j’avais un cancer « bien avancé » pour dire les choses pudiquement… j’ai paniqué.  Et si je mourais avant mon papa ? Et s’il devenait orphelin de sa fille ?  Je ne voulais pas lui infliger ce chagrin.  Je devais vivre, pour lui.  J’aurais vécu ma mort comme un abandon. »

Vous vous êtes battue pour que votre papa reste chez lui jusqu’à la fin ?

« Oui, et cela n’a pas été facile. On a beau aimer, on s’épuise aussi dans ce combat.  Parce que les aides ne sont pas toujours adaptées, parce que c’est souvent si compliqué.  Que ce soit pour les repas, pour un simple déplacement. Tout se médicalise, s’organise, se programme.  Alors qu’on voudrait simplement vivre et penser à autre chose qu’à la maladie.  Mais avec le recul, je me dis qu’on a quand même réussi ça. Papa est resté dans sa maison jusqu’au bout.  Lui, comme moi, ne souhaitions pas dans sa situation de dépendance totale, qu’il soit « placé » comme on dit, dans une maison de retraite.  On l’aurait « sorti » de temps en temps.  Il aurait eu droit à quelques animations, des visites aux heures dites, des repas imposés.  Une petite vie, dans une petite chambre, avec sa petite télé, son petit frigo, quelques photos de famille.  Un monde rétréci.    Au moins, il est resté chez lui, avec  son chat.  Avec sa fille qui passait tous les jours.  Chez lui, dans un monde qui lui appartenait, où l’on pouvait encore entendre les pas de sa femme, même si elle n’était plus de ce monde. J’ai voulu témoigner et je ne donne de leçon à personne. Mais je pense sincèrement qu’il n’y a que l’amour, le don de soi, qui peuvent un peu adoucir toute cette solitude, cette dépendance, cette souffrance. « Nos » aînés ont une vie ; ils savent mieux que nous ce qui est bon pour eux.  Ecoutons-les. Parce  qu’une vie c’est comme une bibliothèque, pleine d’histoires. »

Prix : 13,50 euros aux Editions Edilivre. Pour commander le livre, vous pouvez contacter l’auteure par mail : myriamd412@gmail.com ou par téléphone au 0479/491698