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Le Qatargate, cela fait 3 ans et l’enquête vacille…
Publié le 11 décembre, 2025

Il y a trois ans, la Belgique découvrait un scandale de corruption sans précédent au cœur du Parlement européen : le Qatargate. À l’époque, la justice belge affirmait avoir démantelé un réseau d’ingérences venu du Qatar, du Maroc et de la Mauritanie, avec à la clé des centaines de milliers d’euros en liquide et plusieurs élus européens mis en cause. Mais aujourd’hui, cette enquête, présentée comme « le dossier du siècle », vacille. Fuites, erreurs de procédure, démissions en série… au point que certains parlent désormais de « Qatarpschit ».


On en parle avec Demetrio Scagliola, journaliste politique et expert pour Sud Radio.

Demetrio, trois ans après ce coup de tonnerre, que reste-t-il vraiment du Qatargate ?
Pas grand-chose. L’enquête, qui devait révéler un vaste système de corruption au Parlement européen, s’est complètement essoufflée. Et les éléments centraux, comme les valises remplies de billets, n’ont finalement pas permis d’établir un lien clair entre l’argent saisi et un pays étranger. Bref, le grand scandale politique annoncé en 2022 ressemble aujourd’hui davantage à un dossier mal ficelé qu’à une véritable affaire d’État.

On parle aussi d’une “cellule fantôme”, Medusa. De quoi s’agissait-il ?
C’est l’un des volets les plus troublants de l’affaire. Cette cellule, baptisée Medusa, réunissait de façon officieuse des enquêteurs, des magistrats, des membres des services secrets et même trois journalistes. L’idée était de coordonner les informations — mais en réalité, cela a provoqué des fuites massives et des manquements graves au secret de l’instruction. Et cette semaine, ce sont des enquêtes de presse  — Libération, le Corriere della Sera, Il Dubbio et, en Belgique, le média digital 21 News puis Sudinfo — qui ont mis au jour ces dérives et documenté le fonctionnement de cette cellule parallèle.

Est-ce qu’on s’oriente vers un non-lieu ?
Oui, c’est un scénario très plausible aujourd’hui. La Chambre des mises en accusation de Bruxelles examine la validité des procédures et, vu le nombre d’irrégularités, tout le dossier pourrait être annulé. Sans base juridique solide, le procès ne tiendrait pas devant un tribunal. Beaucoup redoutent donc une issue en forme d’échec total, un fiasco judiciaire qui ternirait durablement l’image de la justice belge.

Et quelles leçons la Belgique doit-elle en tirer ?
La première, c’est qu’une enquête spectaculaire n’est pas forcément une enquête solide. Le Qatargate montre à quel point la communication peut prendre le pas sur la rigueur judiciaire. Pour la Belgique, cela doit être un avertissement : il faut mieux encadrer les relations entre police, magistrats et presse, et surtout garantir les droits de la défense et la présomption d’innocence. Ce sont les fondements d’un État de droit, et ils ont été sérieusement malmenés dans cette affaire.

Le Qatargate, cela fait 3 ans et l’enquête vacille…
Publié le 11 décembre, 2025

Il y a trois ans, la Belgique découvrait un scandale de corruption sans précédent au cœur du Parlement européen : le Qatargate. À l’époque, la justice belge affirmait avoir démantelé un réseau d’ingérences venu du Qatar, du Maroc et de la Mauritanie, avec à la clé des centaines de milliers d’euros en liquide et plusieurs élus européens mis en cause. Mais aujourd’hui, cette enquête, présentée comme « le dossier du siècle », vacille. Fuites, erreurs de procédure, démissions en série… au point que certains parlent désormais de « Qatarpschit ».


On en parle avec Demetrio Scagliola, journaliste politique et expert pour Sud Radio.

Demetrio, trois ans après ce coup de tonnerre, que reste-t-il vraiment du Qatargate ?
Pas grand-chose. L’enquête, qui devait révéler un vaste système de corruption au Parlement européen, s’est complètement essoufflée. Et les éléments centraux, comme les valises remplies de billets, n’ont finalement pas permis d’établir un lien clair entre l’argent saisi et un pays étranger. Bref, le grand scandale politique annoncé en 2022 ressemble aujourd’hui davantage à un dossier mal ficelé qu’à une véritable affaire d’État.

On parle aussi d’une “cellule fantôme”, Medusa. De quoi s’agissait-il ?
C’est l’un des volets les plus troublants de l’affaire. Cette cellule, baptisée Medusa, réunissait de façon officieuse des enquêteurs, des magistrats, des membres des services secrets et même trois journalistes. L’idée était de coordonner les informations — mais en réalité, cela a provoqué des fuites massives et des manquements graves au secret de l’instruction. Et cette semaine, ce sont des enquêtes de presse  — Libération, le Corriere della Sera, Il Dubbio et, en Belgique, le média digital 21 News puis Sudinfo — qui ont mis au jour ces dérives et documenté le fonctionnement de cette cellule parallèle.

Est-ce qu’on s’oriente vers un non-lieu ?
Oui, c’est un scénario très plausible aujourd’hui. La Chambre des mises en accusation de Bruxelles examine la validité des procédures et, vu le nombre d’irrégularités, tout le dossier pourrait être annulé. Sans base juridique solide, le procès ne tiendrait pas devant un tribunal. Beaucoup redoutent donc une issue en forme d’échec total, un fiasco judiciaire qui ternirait durablement l’image de la justice belge.

Et quelles leçons la Belgique doit-elle en tirer ?
La première, c’est qu’une enquête spectaculaire n’est pas forcément une enquête solide. Le Qatargate montre à quel point la communication peut prendre le pas sur la rigueur judiciaire. Pour la Belgique, cela doit être un avertissement : il faut mieux encadrer les relations entre police, magistrats et presse, et surtout garantir les droits de la défense et la présomption d’innocence. Ce sont les fondements d’un État de droit, et ils ont été sérieusement malmenés dans cette affaire.