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Clap Ciné du 15 octobre : « Moi qui t’aimais » et « C’était mieux demain »
Publié le 15 octobre, 2025

« Moi qui t’aimais»

Diane Kurys relève le défi très audacieux de porter au cinéma la vie du couple le plus mythique du cinéma français : « Montand-Signoret.

Pour contourner le problème de la crédibilité et de la ressemblance avec les deux stars, elle présente d’emblée, dans la salle de maquillage, les comédiens qui vont les interpréter : Roschdy Zem et Marina Foïs.  Dès lors, cet a priori de base lui permet de traiter le sujet fondamental du film : la vie forte, tumultueuse parfois encore incandescente mais aussi au bord de la déliquescence, de ce couple à nulle autre pareil.

Au biopic traditionnel, Diane Kurys a préféré une chronique des dernières années, qui commence à Paris dans les années 70.  Yves Montand est en pleine gloire, alors que Simone ne tourne plus.  Elle reste cloîtrée dans leur appartement, boit beaucoup, fume trop et ressasse d’anciennes rancœurs liées aux multiples infidélités de Montand.  Signoret regarde, obsessionnellement, dans le rétroviseur d’une immense carrière et d’une vie meurtrie, sur laquelle plane encore l’ombre de Marilyn.

Elle écrit ses mémoires, consignées dans cet admirable livre « La nostalgie n’est plus ce qu’elle était » (paru au Seuil, 1976), rencontre encore l’un ou l’autre réalisateur, et accepte finalement de tourner « La vie devant soi », l’adaptation du roman de Romain Gary, prix Goncourt, par Moshé Mizrahi (1977) qui lui vaut un César de la meilleure actrice.

Avec Yves, c’est toujours la tendre guerre et la dure épreuve de la jalousie et de la solitude.

La mise en scène est démonstrative et académique, sans relief ni énergie mais elle dégage une atmosphère romanesque et nostalgique qui ramène à l’âme profonde du cinéma.  Et Diane Kurys fait ainsi défiler quelques grandes figures du cinéma français réincarnées : Claude Sautet, Serge Reggiani, François Perrier, Alain Corneau,  les Trintignant (Nadine et Jean-Louis), Catherine Allégret, la fille de Simone.

Il y a aussi quelques moments de grâce quand Simone pensait passer un dîner d’anniversaire seule avec sa fille et qu’apparaissent alors ses amis de cinéma et Yves, au détour d’un escalier, qui lui chante « les feuilles mortes », ou encore quand Montand répond à un ami qui lui conseille de partir : « on ne quitte pas Simone Signoret ».

A l’écran, Marina Foïs semble plus à l’aise, plus fluide dans son jeu, plus libre dans son personnage que Roschdy Zem, un peu serré dans le costume de Montand et prisonnier de cette voix qui résonne encore dans toutes les mémoires.

«C’était mieux demain »

Dans ce premier long métrage, Vinciane Millereau projette en 2025, un couple des années 50 : un procédé plutôt culotté qui réclame une bonne dose de crédibilité mais engendre une comédie drôle et légère.

L’histoire commence en septembre 1958.  Hélène et Michel veulent marier de force leur fille aînée car elle est enceinte. Michel est cadre dans une banque, gouailleur et sûr de lui.  Hélène est une bonne mère et femme au foyer.  Un jour, elle décide d’acheter une machine à laver, grande innovation du moment.  En la branchant, le couple est électrocuté et est propulsé dans le futur.

Tout a radicalement changé : Hélène est devenue cheffe d’entreprise, Michel garde la maison et Jeanne annonce qu’elle va épouser une femme. C’est la crise dans le couple, désormais en instance de divorce …

A mi chemin entre la comédie de situations et la fable de science-fiction, le film s’attache à l’évolution des rapports homme-femme, entre deux époques distantes de plus d’un demi-siècle.  L’émancipation féminine est largement accomplie, le patriarcat dominant a fait long feu et les jeunes affirment leur liberté de mœurs.  Tout cela est facilité par un arbitraire saut dans le temps qui simplifie les événements, transforme les caractères et installe une série de clichés assez caricaturaux.  La réalisatrice ne s’embarrasse pas de quelques invraisemblances que la naïveté de l’histoire et la légèreté du propos font plus ou moins accepter.

Avec une Elsa Zylberstein aussi à l’aise dans le rôle de la femme modèle des années 50 que dans celui d’une quinquagénaire totalement libérée d’aujourd’hui. Quant à Didier Bourdon, il est fidèle à lui-même : bonhomme, bougon et un peu cabotin.

André CEUTERICK

Clap Ciné du 15 octobre : « Moi qui t’aimais » et « C’était mieux demain »
Publié le 15 octobre, 2025

« Moi qui t’aimais»

Diane Kurys relève le défi très audacieux de porter au cinéma la vie du couple le plus mythique du cinéma français : « Montand-Signoret.

Pour contourner le problème de la crédibilité et de la ressemblance avec les deux stars, elle présente d’emblée, dans la salle de maquillage, les comédiens qui vont les interpréter : Roschdy Zem et Marina Foïs.  Dès lors, cet a priori de base lui permet de traiter le sujet fondamental du film : la vie forte, tumultueuse parfois encore incandescente mais aussi au bord de la déliquescence, de ce couple à nulle autre pareil.

Au biopic traditionnel, Diane Kurys a préféré une chronique des dernières années, qui commence à Paris dans les années 70.  Yves Montand est en pleine gloire, alors que Simone ne tourne plus.  Elle reste cloîtrée dans leur appartement, boit beaucoup, fume trop et ressasse d’anciennes rancœurs liées aux multiples infidélités de Montand.  Signoret regarde, obsessionnellement, dans le rétroviseur d’une immense carrière et d’une vie meurtrie, sur laquelle plane encore l’ombre de Marilyn.

Elle écrit ses mémoires, consignées dans cet admirable livre « La nostalgie n’est plus ce qu’elle était » (paru au Seuil, 1976), rencontre encore l’un ou l’autre réalisateur, et accepte finalement de tourner « La vie devant soi », l’adaptation du roman de Romain Gary, prix Goncourt, par Moshé Mizrahi (1977) qui lui vaut un César de la meilleure actrice.

Avec Yves, c’est toujours la tendre guerre et la dure épreuve de la jalousie et de la solitude.

La mise en scène est démonstrative et académique, sans relief ni énergie mais elle dégage une atmosphère romanesque et nostalgique qui ramène à l’âme profonde du cinéma.  Et Diane Kurys fait ainsi défiler quelques grandes figures du cinéma français réincarnées : Claude Sautet, Serge Reggiani, François Perrier, Alain Corneau,  les Trintignant (Nadine et Jean-Louis), Catherine Allégret, la fille de Simone.

Il y a aussi quelques moments de grâce quand Simone pensait passer un dîner d’anniversaire seule avec sa fille et qu’apparaissent alors ses amis de cinéma et Yves, au détour d’un escalier, qui lui chante « les feuilles mortes », ou encore quand Montand répond à un ami qui lui conseille de partir : « on ne quitte pas Simone Signoret ».

A l’écran, Marina Foïs semble plus à l’aise, plus fluide dans son jeu, plus libre dans son personnage que Roschdy Zem, un peu serré dans le costume de Montand et prisonnier de cette voix qui résonne encore dans toutes les mémoires.

«C’était mieux demain »

Dans ce premier long métrage, Vinciane Millereau projette en 2025, un couple des années 50 : un procédé plutôt culotté qui réclame une bonne dose de crédibilité mais engendre une comédie drôle et légère.

L’histoire commence en septembre 1958.  Hélène et Michel veulent marier de force leur fille aînée car elle est enceinte. Michel est cadre dans une banque, gouailleur et sûr de lui.  Hélène est une bonne mère et femme au foyer.  Un jour, elle décide d’acheter une machine à laver, grande innovation du moment.  En la branchant, le couple est électrocuté et est propulsé dans le futur.

Tout a radicalement changé : Hélène est devenue cheffe d’entreprise, Michel garde la maison et Jeanne annonce qu’elle va épouser une femme. C’est la crise dans le couple, désormais en instance de divorce …

A mi chemin entre la comédie de situations et la fable de science-fiction, le film s’attache à l’évolution des rapports homme-femme, entre deux époques distantes de plus d’un demi-siècle.  L’émancipation féminine est largement accomplie, le patriarcat dominant a fait long feu et les jeunes affirment leur liberté de mœurs.  Tout cela est facilité par un arbitraire saut dans le temps qui simplifie les événements, transforme les caractères et installe une série de clichés assez caricaturaux.  La réalisatrice ne s’embarrasse pas de quelques invraisemblances que la naïveté de l’histoire et la légèreté du propos font plus ou moins accepter.

Avec une Elsa Zylberstein aussi à l’aise dans le rôle de la femme modèle des années 50 que dans celui d’une quinquagénaire totalement libérée d’aujourd’hui. Quant à Didier Bourdon, il est fidèle à lui-même : bonhomme, bougon et un peu cabotin.

André CEUTERICK