« Les Graines du Figuier sauvage »
Mohammad Rasoulof (« Un homme intègre », 2017 ; « Le Diable n’existe pas » (Ours d’Or à Berlin/2020) est comme son compatriote Jafar Panahi (primé à Cannes et à Berlin), victime du régime oppressif qui gouverne l’Iran. Car ceux-là racontent la réalité de leur pays que les autorités occultent et refusent de reconnaître.
« Les Graines du Figuier sauvage » est un film édifiant et sans appel. Mieux qu’un plaidoyer ou un réquisitoire. C’est une remarquable fiction, intense, passionnante, construite comme un thriller politique, avec sa part de suspense, d’intrigue et de compromission.
A Téhéran, Iman, un père de famille intègre et respecté est promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire. Sa femme Najmeh, épouse dévouée et aimante, espère une vie plus aisée et plus confortable, alors que ses deux filles, deux grandes adolescentes prennent conscience de la répression du régime car des émeutes secouent le pays, qui font suite à la mort de la jeune étudiante iranienne, d’origine kurde, de 22 ans, Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ».
Dès sa prise de fonction, Iman doit signer des condamnations à mort sans preuves. D’abord réticent, il finit par craquer et accepte aussi de porter une arme de service pour « protéger sa famille » lui dit-on.
Pour Iman, c’est le début d’un dérapage qui le conduira vers un comportement paranoïaque. Les deux jeunes filles, elles, suivent l’actualité violente de la rue sur les réseaux sociaux …
Rasoulof raconte ainsi l’érosion de la confiance au sein d’une famille bourgeoise iranienne liée au pouvoir de l’État, avec en toile de fond proéminente les manifestations populaires que Rasoulof restitue par le biais des téléphones portables. Dans la famille, comme dans la rue, la tension monte au rythme d’une sorte de thriller psychologie et mental.
C’est une formidable parabole de la société iranienne, avec ses composantes en opposition : la famille d’une part, contrainte et cadenassée, le peuple, d’autre part, en quête de liberté à n’importe quel prix. La folie, de part et d’autre.
Plus étonnant encore : Rasoulof a tourné son film dans la clandestinité, et pourtant sa narration est forte et précise, sa mise en scène ample, sa gestion des acteurs précise et appropriée.
A Cannes, en mai dernier, Rasoulof a reçu le prix spécial du jury pour lequel il a dû quitter clandestinement l’Iran.
« Le Routard»
La semaine dernière, j’avais déjà été très critique avec « 100 millions », la comédie sur l’argent qui ne fait pas le bonheur d’un syndicaliste de Nath Dumont, une mauvaise comédie française.
Ici, c’est pire encore sans doute : « Le Routard » est une vraie daube, réalisé par Philippe Mechelen, à partir d’une idée inspirée par le fameux Guide du Routard, qui aurait dû éviter ce genre de mauvaise publicité.
Yann, n’a qu’un seul rêve : voyager. Il apprend que le guide du Routard recrute des gens pour faire le tour du monde. Il se présente à l’entretien d’embauche et est engagé. Sa première mission consiste à vérifier, en 5 jours, 40 adresses à Marrakech, au Maroc !
Un beau challenge, sans doute mais Yann n’a jamais voyagé de sa vie (ce qu’il n’a pas dit au départ) et ce formidable job risque de devenir une véritable galère !
Voilà un histoire abracadabrante et grotesque que livre un scénario simpliste, bancale et incohérent, où se multiplie les gags et les mauvaises blagues, qui ne font – ne feront – rire personne. L’intrigue est plate et prévisible, malgré certaines vagues scènes d’action.
Philippe Mechelen tente de jouer sur la dualité comédie burlesque et film d’aventures mais cela ne fonctionne pas. On trouve ici l’humoriste Hakim Jemili qu’on avait déjà vu deux ou trois fois au cinéma, récemment dans « Chasse gardée » et « Ici bas » mais visiblement le stand-up et le cinéma ne sont, pour lui pas très compatibles. Un rôle de gaffeur naïf sans empathie. Il y a aussi le caricatural Christian Clavier comme rédacteur en chef du Routard et le regretté Michel
Blanc dont la dernière apparition à l’écran méritait mieux !
André CEUTERICK
« Les Graines du Figuier sauvage »
Mohammad Rasoulof (« Un homme intègre », 2017 ; « Le Diable n’existe pas » (Ours d’Or à Berlin/2020) est comme son compatriote Jafar Panahi (primé à Cannes et à Berlin), victime du régime oppressif qui gouverne l’Iran. Car ceux-là racontent la réalité de leur pays que les autorités occultent et refusent de reconnaître.
« Les Graines du Figuier sauvage » est un film édifiant et sans appel. Mieux qu’un plaidoyer ou un réquisitoire. C’est une remarquable fiction, intense, passionnante, construite comme un thriller politique, avec sa part de suspense, d’intrigue et de compromission.
A Téhéran, Iman, un père de famille intègre et respecté est promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire. Sa femme Najmeh, épouse dévouée et aimante, espère une vie plus aisée et plus confortable, alors que ses deux filles, deux grandes adolescentes prennent conscience de la répression du régime car des émeutes secouent le pays, qui font suite à la mort de la jeune étudiante iranienne, d’origine kurde, de 22 ans, Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ».
Dès sa prise de fonction, Iman doit signer des condamnations à mort sans preuves. D’abord réticent, il finit par craquer et accepte aussi de porter une arme de service pour « protéger sa famille » lui dit-on.
Pour Iman, c’est le début d’un dérapage qui le conduira vers un comportement paranoïaque. Les deux jeunes filles, elles, suivent l’actualité violente de la rue sur les réseaux sociaux …
Rasoulof raconte ainsi l’érosion de la confiance au sein d’une famille bourgeoise iranienne liée au pouvoir de l’État, avec en toile de fond proéminente les manifestations populaires que Rasoulof restitue par le biais des téléphones portables. Dans la famille, comme dans la rue, la tension monte au rythme d’une sorte de thriller psychologie et mental.
C’est une formidable parabole de la société iranienne, avec ses composantes en opposition : la famille d’une part, contrainte et cadenassée, le peuple, d’autre part, en quête de liberté à n’importe quel prix. La folie, de part et d’autre.
Plus étonnant encore : Rasoulof a tourné son film dans la clandestinité, et pourtant sa narration est forte et précise, sa mise en scène ample, sa gestion des acteurs précise et appropriée.
A Cannes, en mai dernier, Rasoulof a reçu le prix spécial du jury pour lequel il a dû quitter clandestinement l’Iran.
« Le Routard»
La semaine dernière, j’avais déjà été très critique avec « 100 millions », la comédie sur l’argent qui ne fait pas le bonheur d’un syndicaliste de Nath Dumont, une mauvaise comédie française.
Ici, c’est pire encore sans doute : « Le Routard » est une vraie daube, réalisé par Philippe Mechelen, à partir d’une idée inspirée par le fameux Guide du Routard, qui aurait dû éviter ce genre de mauvaise publicité.
Yann, n’a qu’un seul rêve : voyager. Il apprend que le guide du Routard recrute des gens pour faire le tour du monde. Il se présente à l’entretien d’embauche et est engagé. Sa première mission consiste à vérifier, en 5 jours, 40 adresses à Marrakech, au Maroc !
Un beau challenge, sans doute mais Yann n’a jamais voyagé de sa vie (ce qu’il n’a pas dit au départ) et ce formidable job risque de devenir une véritable galère !
Voilà un histoire abracadabrante et grotesque que livre un scénario simpliste, bancale et incohérent, où se multiplie les gags et les mauvaises blagues, qui ne font – ne feront – rire personne. L’intrigue est plate et prévisible, malgré certaines vagues scènes d’action.
Philippe Mechelen tente de jouer sur la dualité comédie burlesque et film d’aventures mais cela ne fonctionne pas. On trouve ici l’humoriste Hakim Jemili qu’on avait déjà vu deux ou trois fois au cinéma, récemment dans « Chasse gardée » et « Ici bas » mais visiblement le stand-up et le cinéma ne sont, pour lui pas très compatibles. Un rôle de gaffeur naïf sans empathie. Il y a aussi le caricatural Christian Clavier comme rédacteur en chef du Routard et le regretté Michel
Blanc dont la dernière apparition à l’écran méritait mieux !
André CEUTERICK