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Clap Ciné du 29 janvier
Publié le 29 janvier, 2025

Suite et fin  du 15ème festival Ramdam de Tournai qui s’est achevé lundi soir avec la proclamation des prix sur laquelle je reviendrai dans quelques instants.

Mais Ramdam est en prise directe sur l’actualité, avec la diffusion le week-end dernier du film « Jouer avec le feu » de Delphine et Muriel Coulin qui sort ce mercredi.

Inspiré du roman « Ce qu’il faut de la nuit » (2020) de Laurent Petimangin, le film des sœurs Coulin vaut prioritairement par sa vision de l’intimité d’une petite famille, presque comme les autres.  Pierre travaille sur les chantiers techniques de la SNCF dans une petite ville de Lorraine, en France.  Il élève seul ses deux fils, Félix et Louis, depuis la mort de leur mère.  Félix achève une formation technique en métallurgie, Louis, aussi brillant que réservé, devrait bientôt intégrer une faculté universitaire, sans doute à Nancy, voire à la prestigieuse Sorbonne de Paris.  Pierre est un cheminot progressiste, jadis engagé mais qui a renoncé au militantisme sans pour autant abdiquer ses idées sociales.  C’est pourquoi, il est d’autant plus choqué et révolté quand il apprend que son aîné fréquente un groupe d’extrême droite.  Il s’aperçoit qu’il sèche les cours, le voit sur les vidéos de sites ultras, le suit dans une usine désaffectée où il retrouve ses amis extrémistes.

Pierre se sent impuissant face à la soudaine radicalisation de Félix.  La cellule familiale, soudée et solidaire, se fissure et glisse dans un grand malaise.

Les réalisatrices donnent une vraie épaisseur, psychologique, sociale et humaine à ce trio père et fils sur lequel pèse implicitement l’absence de la mère.  Il y a l’attention et le dévouement du père, des gestes de tendresse, un vrai plaisir, de ces moments passés ensemble, le portrait est juste et consistant, empreint d’une belle humanité.

L’autre composante du film – la radicalisation d’un jeune séduit par les idées et les agissements de l’extrême droite a une importance fondamentale mais la réflexion politique qu’elle induit est un peu linéaire, limitée à quelques scènes actives et passe au second plan car on ne nous dit pas comment Félix en est finalement arrivé là, dans un contexte social et humain qui ne favorisait aucunement cette dérive. Dans le rôle du père, Vincent Lindon est une fois encore, très juste, très prenant avec retenue et sobriété.

Quelques mots encore pour revenir sur le palmarès du Ramdam avec de nombreux prix dans les différentes catégories de courts-métrages, documentaires, fictions et films d’école.

Retenons les distinctions accordées aux deux fictions :

  • la fiction la plus dérangeante : pour « Rabia » de Mareike Engelhardt, dont je vous avais parlé la semaine dernière.  L’histoire assez terrible d’une jeune française de 19 ans qui part pour la Syrie rejoindre Daesh, où elle intègre une maison de futures épouses de combattants dirigée par une maîtresse  tyrannique (et c’est inspiré de faits réels).
  • La meilleure fiction pour « The stranger’s case » de l’américain Brandt Andersen qui, à partir d’une tragédie qui frappe une famille syrienne à Alep, nous confronte à la violence de la guerre et de l’humain.  Un film fort et bouleversant.

Enfin, parmi les lauréats de la section documentaire, il y a le film de Thierry Michel « L’Acier a coulé dans nos veines » qui évoque, avec force et émotion, l’histoire de la sidérurgie liégeoise.

_____

Le Ramdam est un festival qui fait son chemin et qui a de plus en plus de succès puisque les organisateurs annoncent une fréquentation record de plus de 37.000 personnes.

André CEUTERICK

Clap Ciné du 29 janvier
Publié le 29 janvier, 2025

Suite et fin  du 15ème festival Ramdam de Tournai qui s’est achevé lundi soir avec la proclamation des prix sur laquelle je reviendrai dans quelques instants.

Mais Ramdam est en prise directe sur l’actualité, avec la diffusion le week-end dernier du film « Jouer avec le feu » de Delphine et Muriel Coulin qui sort ce mercredi.

Inspiré du roman « Ce qu’il faut de la nuit » (2020) de Laurent Petimangin, le film des sœurs Coulin vaut prioritairement par sa vision de l’intimité d’une petite famille, presque comme les autres.  Pierre travaille sur les chantiers techniques de la SNCF dans une petite ville de Lorraine, en France.  Il élève seul ses deux fils, Félix et Louis, depuis la mort de leur mère.  Félix achève une formation technique en métallurgie, Louis, aussi brillant que réservé, devrait bientôt intégrer une faculté universitaire, sans doute à Nancy, voire à la prestigieuse Sorbonne de Paris.  Pierre est un cheminot progressiste, jadis engagé mais qui a renoncé au militantisme sans pour autant abdiquer ses idées sociales.  C’est pourquoi, il est d’autant plus choqué et révolté quand il apprend que son aîné fréquente un groupe d’extrême droite.  Il s’aperçoit qu’il sèche les cours, le voit sur les vidéos de sites ultras, le suit dans une usine désaffectée où il retrouve ses amis extrémistes.

Pierre se sent impuissant face à la soudaine radicalisation de Félix.  La cellule familiale, soudée et solidaire, se fissure et glisse dans un grand malaise.

Les réalisatrices donnent une vraie épaisseur, psychologique, sociale et humaine à ce trio père et fils sur lequel pèse implicitement l’absence de la mère.  Il y a l’attention et le dévouement du père, des gestes de tendresse, un vrai plaisir, de ces moments passés ensemble, le portrait est juste et consistant, empreint d’une belle humanité.

L’autre composante du film – la radicalisation d’un jeune séduit par les idées et les agissements de l’extrême droite a une importance fondamentale mais la réflexion politique qu’elle induit est un peu linéaire, limitée à quelques scènes actives et passe au second plan car on ne nous dit pas comment Félix en est finalement arrivé là, dans un contexte social et humain qui ne favorisait aucunement cette dérive. Dans le rôle du père, Vincent Lindon est une fois encore, très juste, très prenant avec retenue et sobriété.

Quelques mots encore pour revenir sur le palmarès du Ramdam avec de nombreux prix dans les différentes catégories de courts-métrages, documentaires, fictions et films d’école.

Retenons les distinctions accordées aux deux fictions :

  • la fiction la plus dérangeante : pour « Rabia » de Mareike Engelhardt, dont je vous avais parlé la semaine dernière.  L’histoire assez terrible d’une jeune française de 19 ans qui part pour la Syrie rejoindre Daesh, où elle intègre une maison de futures épouses de combattants dirigée par une maîtresse  tyrannique (et c’est inspiré de faits réels).
  • La meilleure fiction pour « The stranger’s case » de l’américain Brandt Andersen qui, à partir d’une tragédie qui frappe une famille syrienne à Alep, nous confronte à la violence de la guerre et de l’humain.  Un film fort et bouleversant.

Enfin, parmi les lauréats de la section documentaire, il y a le film de Thierry Michel « L’Acier a coulé dans nos veines » qui évoque, avec force et émotion, l’histoire de la sidérurgie liégeoise.

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Le Ramdam est un festival qui fait son chemin et qui a de plus en plus de succès puisque les organisateurs annoncent une fréquentation record de plus de 37.000 personnes.

André CEUTERICK