Nous écouter !
Clap Ciné du 4 décembre
Publié le 4 décembre, 2024
Rubrique avec André Ceuterick

« En Fanfare »

Dans son film précédent « Un triomphe » Emmanuel Courcol mettait en scène Kad Merad, un acteur à la dérive qui donnait des cours de théâtre à des détenus.  Il s’intéresse ici à un autre sujet social : l’importance des fanfares dans les petites communes du bassin minier du Nord de la France.

Chef d’orchestre de renommée internationale, Thibault est atteint d’un cancer dont l’éventuelle guérison nécessite une greffe de moelle osseuse.  En quête d’un donneur compatible, il découvre qu’il est en fait un enfant adopté et qu’il a un frère biologique, Jimmy, cantinier dans une petite ville et qui joue du trombone dans une fanfare locale. 

D’abord sous le choc, Jimmy accepte d’aider Thibault dont il découvre le monde totalement différent du sien.  De son côté, Thibault va rencontrer la troupe de musiciens amateurs au sein de laquelle preste Jimmy …

Les deux frères, que tout oppose, vont se rapprocher grâce à la musique, avec, en toile de fond, la paupérisation sociale de la région du Nord.

« En fanfare » est une comédie dramatique positive et bienveillante, pleine de justesse et de sensibilité, qui se fonde sur des valeurs humanistes, sur le respect et l’apprentissage de l’autre et sur de grands élans d’émotion qu’accentuent quelques enivrants morceaux de musique.

Avec dans les rôles principaux, Benjamin Lavernhe, de la Comédie Française, très présent aussi au cinéma ces derniers temps avec des rôles importants dans « Jeanne du Barry », « Antoinette dans les Cévennes », « De grandes Espérances » et Pierre Lottin qui était déjà dans « Un Triomphe », qu’on avait découvert dans « Les Tuche », bien sûr et qui est à l’affiche dans le dernier film de François Ozon « Quand vient l’automne ».

Un autre film à connotation sociale :

« Leurs enfants après eux » réalisé par Ludovic et Zoran Boukherma qui adapte, « avec énergie », le roman éponyme de Nicolas Mathieu, Prix Goncourt 2018.

L’histoire nous renvoie en août 1992, dans une vallée perdue de l’Est de la France, en désaffection sociale.  Anthony, 14 ans, s’aigrit et s’ennuie.   Un après-midi de canicule, au bord du lac, il rencontre Stéphanie.  C’est le coup de foudre.  Le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver.  Le lendemain matin, sa moto a disparu … son père est fou de rage, sa mère tente de le contenir … La vie d’Anthony bascule et celle aussi de sa famille …

Ludovic et Zoran Boukherma mordent à pleines dents dans l’univers de cette jeunesse désœuvrée, sans repères, en quête de sensations, d’espérances illusoires et d’amour bien sûr, …  ces amours adolescentes mais aussi l’affection frustrée et maladroite de parents, eux aussi à la dérive.  Et ces enfants, après eux, ne semblent guère promis à un avenir meilleur …

Le duo de réalisateurs s’attache d’abord à leurs états d’âme mais, en filigrane, ils restituent aussi l’atmosphère grisaillante d’une ville ouvrière en agonie industrielle, à laquelle on est naturellement lié et dont il semble si aléatoire de s’extraire.  Dans le sillage de l’écrivain Nicolas Mathieu, les cinéastes élargissent leur propos à des thèmes essentiels comme la délinquance, la différence des classes, la violence au quotidien, la xénophobie, …   mais quand on se raccroche aux personnages eux-mêmes, on éprouve à la fois de la compassion, de l’amertume et un certain sens de l’éphémère.

Le rôle principal de Mathieu a valu au jeune Paul Kircher le prix du meilleur espoir à la Mostra de Venise en septembre dernier.

Avec aussi la forte présence de Gilles Lellouche et Ludivine Sagnier dans le rôle des parents.

Le 24ème Festival Cinemamed bat son plein à Bruxelles, avec une programmation variée, beaucoup de monde dans les salles (malgré les difficultés de circulation de l’intra-muros bruxellois) et quelques rencontres intéressantes et inédites ;

On a déjà vu « Aïcha » du Tunisien Mehdi Barsaoui qui met en scène une femme de chambre du sud qui, suite à un accident de voiture, qui la déclare morte, réussit à « disparaître civilement » et à se réinventer une nouvelle vie à Tunis où son destin risque de la rattraper.

On reviendra bien sûr, lors de sa sortie en salle, sur le remarquable film de Boris Lojkine « L’histoire de Souleymane », ce demandeur d’asile à qui il reste 48 heures avant de passer un entretien décisif pour l’obtention de son titre de séjour et aussi sur « Everybody loves Touda », le portrait vif, parfois flamboyant de cette artiste de la campagne marocaine, qui rêve de devenir une prestigieuse Cheikha – chanteuse traditionnelle …à Casablanca.

A ne pas rater enfin le film « Reine Mère » de Manele Labidi, en soirée de clôture le 6 décembre où vous pourrez rencontrer l’excellente Camélia Giordana.

André CEUTERICK

Clap Ciné du 4 décembre
Publié le 4 décembre, 2024
Rubrique avec André Ceuterick

« En Fanfare »

Dans son film précédent « Un triomphe » Emmanuel Courcol mettait en scène Kad Merad, un acteur à la dérive qui donnait des cours de théâtre à des détenus.  Il s’intéresse ici à un autre sujet social : l’importance des fanfares dans les petites communes du bassin minier du Nord de la France.

Chef d’orchestre de renommée internationale, Thibault est atteint d’un cancer dont l’éventuelle guérison nécessite une greffe de moelle osseuse.  En quête d’un donneur compatible, il découvre qu’il est en fait un enfant adopté et qu’il a un frère biologique, Jimmy, cantinier dans une petite ville et qui joue du trombone dans une fanfare locale. 

D’abord sous le choc, Jimmy accepte d’aider Thibault dont il découvre le monde totalement différent du sien.  De son côté, Thibault va rencontrer la troupe de musiciens amateurs au sein de laquelle preste Jimmy …

Les deux frères, que tout oppose, vont se rapprocher grâce à la musique, avec, en toile de fond, la paupérisation sociale de la région du Nord.

« En fanfare » est une comédie dramatique positive et bienveillante, pleine de justesse et de sensibilité, qui se fonde sur des valeurs humanistes, sur le respect et l’apprentissage de l’autre et sur de grands élans d’émotion qu’accentuent quelques enivrants morceaux de musique.

Avec dans les rôles principaux, Benjamin Lavernhe, de la Comédie Française, très présent aussi au cinéma ces derniers temps avec des rôles importants dans « Jeanne du Barry », « Antoinette dans les Cévennes », « De grandes Espérances » et Pierre Lottin qui était déjà dans « Un Triomphe », qu’on avait découvert dans « Les Tuche », bien sûr et qui est à l’affiche dans le dernier film de François Ozon « Quand vient l’automne ».

Un autre film à connotation sociale :

« Leurs enfants après eux » réalisé par Ludovic et Zoran Boukherma qui adapte, « avec énergie », le roman éponyme de Nicolas Mathieu, Prix Goncourt 2018.

L’histoire nous renvoie en août 1992, dans une vallée perdue de l’Est de la France, en désaffection sociale.  Anthony, 14 ans, s’aigrit et s’ennuie.   Un après-midi de canicule, au bord du lac, il rencontre Stéphanie.  C’est le coup de foudre.  Le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver.  Le lendemain matin, sa moto a disparu … son père est fou de rage, sa mère tente de le contenir … La vie d’Anthony bascule et celle aussi de sa famille …

Ludovic et Zoran Boukherma mordent à pleines dents dans l’univers de cette jeunesse désœuvrée, sans repères, en quête de sensations, d’espérances illusoires et d’amour bien sûr, …  ces amours adolescentes mais aussi l’affection frustrée et maladroite de parents, eux aussi à la dérive.  Et ces enfants, après eux, ne semblent guère promis à un avenir meilleur …

Le duo de réalisateurs s’attache d’abord à leurs états d’âme mais, en filigrane, ils restituent aussi l’atmosphère grisaillante d’une ville ouvrière en agonie industrielle, à laquelle on est naturellement lié et dont il semble si aléatoire de s’extraire.  Dans le sillage de l’écrivain Nicolas Mathieu, les cinéastes élargissent leur propos à des thèmes essentiels comme la délinquance, la différence des classes, la violence au quotidien, la xénophobie, …   mais quand on se raccroche aux personnages eux-mêmes, on éprouve à la fois de la compassion, de l’amertume et un certain sens de l’éphémère.

Le rôle principal de Mathieu a valu au jeune Paul Kircher le prix du meilleur espoir à la Mostra de Venise en septembre dernier.

Avec aussi la forte présence de Gilles Lellouche et Ludivine Sagnier dans le rôle des parents.

Le 24ème Festival Cinemamed bat son plein à Bruxelles, avec une programmation variée, beaucoup de monde dans les salles (malgré les difficultés de circulation de l’intra-muros bruxellois) et quelques rencontres intéressantes et inédites ;

On a déjà vu « Aïcha » du Tunisien Mehdi Barsaoui qui met en scène une femme de chambre du sud qui, suite à un accident de voiture, qui la déclare morte, réussit à « disparaître civilement » et à se réinventer une nouvelle vie à Tunis où son destin risque de la rattraper.

On reviendra bien sûr, lors de sa sortie en salle, sur le remarquable film de Boris Lojkine « L’histoire de Souleymane », ce demandeur d’asile à qui il reste 48 heures avant de passer un entretien décisif pour l’obtention de son titre de séjour et aussi sur « Everybody loves Touda », le portrait vif, parfois flamboyant de cette artiste de la campagne marocaine, qui rêve de devenir une prestigieuse Cheikha – chanteuse traditionnelle …à Casablanca.

A ne pas rater enfin le film « Reine Mère » de Manele Labidi, en soirée de clôture le 6 décembre où vous pourrez rencontrer l’excellente Camélia Giordana.

André CEUTERICK