« The Substance »
La sélection, en compétition officielle de « The Substance » un film de genre, fantastique – style body horror (c’est-à-dire où les codes du film d’horreur se situe au niveau de la violence faite au corps humain) a été interprété comme une tentative de rééditer le coup du film « Titane » qui, en 2021, avait valu à la réalisatrice française Julia DUCOURNAU une très surprenante palme d’or. Et le pari fut, en large partie gagné, puisque le jury du festival 2024 lui attribua le prix du scénario.
« The Substance », réalisé par une autre française, en anglais et avec un casting 100 % anglo-saxon, est une fable gore sur la peur du vieillissement incarnée par une actrice sur le déclin, à qui une mystérieuse société offre un élixir lui permettant d’engendrer une doublure rajeunie à courbes sveltes et de fesses fermes. Mais elle doit se soumettre à une stricte condition : alterner, de 7 jours en 7 jours, l’usage de deux corps, sans quoi, des dysfonctionnements monstrueux apparaîtraient, de manière irréversible …
Ainsi, Elisabeth Sparkle, ancienne star du cinéma, détentrice d’un Oscar et qui a son étoile sur Hollywood Boulevard (élément très symbolique au début et à la fin du film), reconvertie en instructrice de fitness télé pour une émission matinale, est licenciée sans ménagement par un producteur hystérique, à cause de son âge. Terrorisée à l’idée de vieillir et d’être remplacée par une jeune starlette, elle s’engage dans ce processus très attractif mais particulièrement dangereux si les indications n’en sont pas scrupuleusement respectées. Et de fait, progressivement, Sue, son « double jeune », sa « meilleure version d’elle-même » va enfreindre les règles.
Le film constitue une expérience visuelle et sonore assez impressionnante, avec une multiplication excessive d’effets spéciaux, des images super léchées, aux couleurs vives, aux lumières crues, avec des plans très sophistiqués et souvent agressifs, le tout donnant l’impression persistante d’une ultra violence formelle.
Avec, au passage, quelques références appuyées à certains maîtres du genre : John CARPENTER (« The Thing »), David CRONENBERG (« Crash »), bien sûr ou encore David LYNCH dont elle fait apparaître quelques répliques assez grotesques du fantôme d’ « Elephant Man ».
Néanmoins, Coralie FARGEAT a eu la bonne idée de donner le rôle de la star matrice à Demi MOORE, qu’elle filme sous toutes les coutures (au propre comme au figuré) et qui, à 60 ans, n’aurait finalement pas grand chose à envier à sa très formatée cadette Margaret QUALLEY.
« Louise Violet»
Dans « Délicieux », l’un de ses derniers films, le cinéaste français Eric BESNARD évoquait la création du premier restaurant au 18ème Siècle des Lumières, avec, en filigrane, un regard pertinent sur la grande histoire de France en mouvement.
Il procède à peu près de la même manière dans son nouveau film « Louise Violet » où il évoque, un siècle plus tard, le développement de l’école de la République, gratuite, obligatoire et laïque.
Celle-ci est représentée par Louise VIOLET qui, en 1889, est nommée institutrice dans un village en Auvergne. Elle y est accueillie avec méfiance par la petite communauté rurale dirigée par le maire, un propriétaire terrien bourru et conservateur.
Il l’installe dans une étable, un endroit très rudimentaire où elle donnera ses cours parce que c’est la loi désormais.
Louise s’emploie alors à communiquer avec les habitants et à les convaincre d’emmener leurs enfants à l’école mais c’est une tâche ardue et difficile. Pourtant, Louise ne se décourage pas …
Le sujet est important et toujours essentiel aujourd’hui : puisque à partir de la mise en place de ce réseau d’écoles de la République Eric BESNARD insiste sur l’indispensable éducation comme vecteur d’émancipation sociale et de liberté.
Face au personnage « progressiste » et « moderne » de Louise (dont on apprend plus tard que le mari et les enfants sont morts lors de la Commune de Paris et que elle-même a fait 10 ans de bagne), il y a la France profonde, des campagnes, des traditions, du travail imposé aux enfants, dès leur plus jeune âge, de l’involontaire ignorance.
C’est un film de facture très classique, construit selon un schéma simpliste, voire désuet, mais soigné, avec un excellent travail de reconstitution des décors, des costumes, des us et coutumes de l’époque et une bonne restitution historique. Dans le rôle titre, Alexandra LAMY, sobre et sensible, donne beaucoup de crédibilité et de détermination à un personnage naturellement attachant et porteur d’une juste cause.
Festival d’Arras du 9 au 17 novembre 2024
Un excellent festival du Nord de la France qui célèbre cette année son 25ème anniversaire. Avec mesure et modestie mais en s’appuyant sur une programmation diversifiée et de grande qualité, riche sans doute en découvertes et en rencontres, dont je vous parlerai la semaine prochaine.
Le Festival d’Arras mêle harmonieusement le cinéma populaire – dit grand public – et le cinéma d’auteur original et engagé. Avec quelques belles avant-premières comme « En fanfare » d’Emmanuel COURCOL, en ouverture samedi prochain, « Saint Ex » de Pablo Agüero, en clôture, le 17 novembre, et aussi quelques productions belges encore inédites, et des invités de marque dont un bel hommage – rétrospective à Cécile DE FRANCE.
C’est du 9 au 17 novembre 2024 à 1h00 … d’ici…
André CEUTERICK
« The Substance »
La sélection, en compétition officielle de « The Substance » un film de genre, fantastique – style body horror (c’est-à-dire où les codes du film d’horreur se situe au niveau de la violence faite au corps humain) a été interprété comme une tentative de rééditer le coup du film « Titane » qui, en 2021, avait valu à la réalisatrice française Julia DUCOURNAU une très surprenante palme d’or. Et le pari fut, en large partie gagné, puisque le jury du festival 2024 lui attribua le prix du scénario.
« The Substance », réalisé par une autre française, en anglais et avec un casting 100 % anglo-saxon, est une fable gore sur la peur du vieillissement incarnée par une actrice sur le déclin, à qui une mystérieuse société offre un élixir lui permettant d’engendrer une doublure rajeunie à courbes sveltes et de fesses fermes. Mais elle doit se soumettre à une stricte condition : alterner, de 7 jours en 7 jours, l’usage de deux corps, sans quoi, des dysfonctionnements monstrueux apparaîtraient, de manière irréversible …
Ainsi, Elisabeth Sparkle, ancienne star du cinéma, détentrice d’un Oscar et qui a son étoile sur Hollywood Boulevard (élément très symbolique au début et à la fin du film), reconvertie en instructrice de fitness télé pour une émission matinale, est licenciée sans ménagement par un producteur hystérique, à cause de son âge. Terrorisée à l’idée de vieillir et d’être remplacée par une jeune starlette, elle s’engage dans ce processus très attractif mais particulièrement dangereux si les indications n’en sont pas scrupuleusement respectées. Et de fait, progressivement, Sue, son « double jeune », sa « meilleure version d’elle-même » va enfreindre les règles.
Le film constitue une expérience visuelle et sonore assez impressionnante, avec une multiplication excessive d’effets spéciaux, des images super léchées, aux couleurs vives, aux lumières crues, avec des plans très sophistiqués et souvent agressifs, le tout donnant l’impression persistante d’une ultra violence formelle.
Avec, au passage, quelques références appuyées à certains maîtres du genre : John CARPENTER (« The Thing »), David CRONENBERG (« Crash »), bien sûr ou encore David LYNCH dont elle fait apparaître quelques répliques assez grotesques du fantôme d’ « Elephant Man ».
Néanmoins, Coralie FARGEAT a eu la bonne idée de donner le rôle de la star matrice à Demi MOORE, qu’elle filme sous toutes les coutures (au propre comme au figuré) et qui, à 60 ans, n’aurait finalement pas grand chose à envier à sa très formatée cadette Margaret QUALLEY.
« Louise Violet»
Dans « Délicieux », l’un de ses derniers films, le cinéaste français Eric BESNARD évoquait la création du premier restaurant au 18ème Siècle des Lumières, avec, en filigrane, un regard pertinent sur la grande histoire de France en mouvement.
Il procède à peu près de la même manière dans son nouveau film « Louise Violet » où il évoque, un siècle plus tard, le développement de l’école de la République, gratuite, obligatoire et laïque.
Celle-ci est représentée par Louise VIOLET qui, en 1889, est nommée institutrice dans un village en Auvergne. Elle y est accueillie avec méfiance par la petite communauté rurale dirigée par le maire, un propriétaire terrien bourru et conservateur.
Il l’installe dans une étable, un endroit très rudimentaire où elle donnera ses cours parce que c’est la loi désormais.
Louise s’emploie alors à communiquer avec les habitants et à les convaincre d’emmener leurs enfants à l’école mais c’est une tâche ardue et difficile. Pourtant, Louise ne se décourage pas …
Le sujet est important et toujours essentiel aujourd’hui : puisque à partir de la mise en place de ce réseau d’écoles de la République Eric BESNARD insiste sur l’indispensable éducation comme vecteur d’émancipation sociale et de liberté.
Face au personnage « progressiste » et « moderne » de Louise (dont on apprend plus tard que le mari et les enfants sont morts lors de la Commune de Paris et que elle-même a fait 10 ans de bagne), il y a la France profonde, des campagnes, des traditions, du travail imposé aux enfants, dès leur plus jeune âge, de l’involontaire ignorance.
C’est un film de facture très classique, construit selon un schéma simpliste, voire désuet, mais soigné, avec un excellent travail de reconstitution des décors, des costumes, des us et coutumes de l’époque et une bonne restitution historique. Dans le rôle titre, Alexandra LAMY, sobre et sensible, donne beaucoup de crédibilité et de détermination à un personnage naturellement attachant et porteur d’une juste cause.
Festival d’Arras du 9 au 17 novembre 2024
Un excellent festival du Nord de la France qui célèbre cette année son 25ème anniversaire. Avec mesure et modestie mais en s’appuyant sur une programmation diversifiée et de grande qualité, riche sans doute en découvertes et en rencontres, dont je vous parlerai la semaine prochaine.
Le Festival d’Arras mêle harmonieusement le cinéma populaire – dit grand public – et le cinéma d’auteur original et engagé. Avec quelques belles avant-premières comme « En fanfare » d’Emmanuel COURCOL, en ouverture samedi prochain, « Saint Ex » de Pablo Agüero, en clôture, le 17 novembre, et aussi quelques productions belges encore inédites, et des invités de marque dont un bel hommage – rétrospective à Cécile DE FRANCE.
C’est du 9 au 17 novembre 2024 à 1h00 … d’ici…
André CEUTERICK