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Clap Ciné du 16 octobre
Publié le 16 octobre, 2024

Notamment à l’affiche, cette semaine, deux films qu’on a vus au dernier festival de Cannes « The Apprentice » de Ali Abbasi et « L’Amour ouf » de Gilles Lellouche.

Dans « The Apprentice », Ali Abbasi, excellent réalisateur d’origine iranienne, qui dispose aujourd’hui de la nationalité danoise, remonte aux années 70 de la jeunesse de Donald Trump dont il brosse une sorte de prime biopic qui ne nous apprend finalement pas grand chose sur la genèse de ce personnage véreux et corrompu.

Et comme on en entendait déjà beaucoup trop parler, on va plutôt s’intéresser au nouveau film de Gilles Lellouche, qu’on voit beaucoup comme acteur, mais qui a aussi de légitimes ambitions en tant que réalisateur, après l’immense succès du « Grand bain » en 2018.

Il met en scène, une histoire d’amour des années 80 répartie en deux temps : l’adolescence, puis après une fracture de 10 ans, l’âge adulte. Jackie, une jeune fille fraîche et pétillante, tombe amoureuse de Clotaire, un délinquant voyou qui sombre, un peu malgré lui, dans la criminalité.   Sur fond de vagues considérations sociales, Gilles Lellouche s’égare un peu entre scènes de violence et réminiscence d’un amour idéalisé.

Adapté du roman éponyme de Neville Thompson, cette comédie romantique bénéficie de moyens techniques importants et sophistiqués ce qui libère chez Lellouche, une sorte de folle envie stylistique pas toujours maîtrisée et donc excessive, avec des images panoramiques, des filtres colorés, un jeu sur les écrans partagés et une bande son nostalgique des années 70-80.  Cela donne une vraie ambiance rétro et de la flamboyance mais point trop n’en faut.  Ainsi, la forme prend le pas sur le fond et dénature, émotionnellement, cette histoire à laquelle on a peine à croire.

Et le casting du film est à l’aune des ambitions du réalisateur puisque outre le couple-vedettes Adèle Exarchopoulos – François Civil, il y a de fameux seconds rôles : Alain Chabat, Raphaël Quenard, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Elodie Bouchez

En cette période de vacances, on privilégie aussi la sortie de films tous publics pour familles et enfants.  Ainsi une nouvelle adaptation de Bambi, réalisée par Michel Fessler qui ne fait pas oublier le long métrage d’animation original des Studios Disney sorti en 1942, et aussi, à voir prioritairement , « Sauvages », un film d’animation du réalisateur suisse Claude Barras qui avait connu un joli succès il y a quelques années avec « Ma vie de courgette ».

Il transporte ici son pétillant univers d’animation, à l’autre bout du monde, à Bornéo, en bordure de la forêt tropicale où la petite Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de Palmiers à huile où travaille son père. Elle le baptise Oshi.  Un peu plus tard, Selaï, son jeune cousin, se réfugie chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières.  Malgré leur différences de caractère et de tempérament, ils vont se liguer avec autant d’inconscience que de courage, pour lutter, à leur manière, contre la destruction de la forêt ancestrale.

L’histoire se développe sur un rythme très élevé, en passant d’un lieu à l’autre, avec la rencontre de personnages singuliers, hauts en couleurs, qui participent aussi à cette belle action écologique.  C’est drôle, émouvant, avec quelques digressions parfois surprenantes et des moments plus intimes, notamment quand Kéria vient à connaître le passé de sa famille, ce qui donne de l’épaisseur humaine et de la complexité aux personnages.

Claude Barras, maître de la création en pâte à modeler et de l’animation en stop motion adopte aussi un langage résolument moderne, avec des touches poétiques et quelques pirouettes pleines d’humour.  Et à aucun moment, son film ne verse dans la didactique et le démonstratif.

Une belle leçon de vie et de solidarité à ne pas seulement limiter aux enfants, avec cette question peut-être essentielle, posée par le titre du film lui-même : « Sauvages » : qui sont donc les sauvages ?  Les animaux ? Les autochtones ou …  ces exploiteurs – destructeurs aux allures militarisées ?

André CEUTERICK

Clap Ciné du 16 octobre
Publié le 16 octobre, 2024

Notamment à l’affiche, cette semaine, deux films qu’on a vus au dernier festival de Cannes « The Apprentice » de Ali Abbasi et « L’Amour ouf » de Gilles Lellouche.

Dans « The Apprentice », Ali Abbasi, excellent réalisateur d’origine iranienne, qui dispose aujourd’hui de la nationalité danoise, remonte aux années 70 de la jeunesse de Donald Trump dont il brosse une sorte de prime biopic qui ne nous apprend finalement pas grand chose sur la genèse de ce personnage véreux et corrompu.

Et comme on en entendait déjà beaucoup trop parler, on va plutôt s’intéresser au nouveau film de Gilles Lellouche, qu’on voit beaucoup comme acteur, mais qui a aussi de légitimes ambitions en tant que réalisateur, après l’immense succès du « Grand bain » en 2018.

Il met en scène, une histoire d’amour des années 80 répartie en deux temps : l’adolescence, puis après une fracture de 10 ans, l’âge adulte. Jackie, une jeune fille fraîche et pétillante, tombe amoureuse de Clotaire, un délinquant voyou qui sombre, un peu malgré lui, dans la criminalité.   Sur fond de vagues considérations sociales, Gilles Lellouche s’égare un peu entre scènes de violence et réminiscence d’un amour idéalisé.

Adapté du roman éponyme de Neville Thompson, cette comédie romantique bénéficie de moyens techniques importants et sophistiqués ce qui libère chez Lellouche, une sorte de folle envie stylistique pas toujours maîtrisée et donc excessive, avec des images panoramiques, des filtres colorés, un jeu sur les écrans partagés et une bande son nostalgique des années 70-80.  Cela donne une vraie ambiance rétro et de la flamboyance mais point trop n’en faut.  Ainsi, la forme prend le pas sur le fond et dénature, émotionnellement, cette histoire à laquelle on a peine à croire.

Et le casting du film est à l’aune des ambitions du réalisateur puisque outre le couple-vedettes Adèle Exarchopoulos – François Civil, il y a de fameux seconds rôles : Alain Chabat, Raphaël Quenard, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Elodie Bouchez

En cette période de vacances, on privilégie aussi la sortie de films tous publics pour familles et enfants.  Ainsi une nouvelle adaptation de Bambi, réalisée par Michel Fessler qui ne fait pas oublier le long métrage d’animation original des Studios Disney sorti en 1942, et aussi, à voir prioritairement , « Sauvages », un film d’animation du réalisateur suisse Claude Barras qui avait connu un joli succès il y a quelques années avec « Ma vie de courgette ».

Il transporte ici son pétillant univers d’animation, à l’autre bout du monde, à Bornéo, en bordure de la forêt tropicale où la petite Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de Palmiers à huile où travaille son père. Elle le baptise Oshi.  Un peu plus tard, Selaï, son jeune cousin, se réfugie chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières.  Malgré leur différences de caractère et de tempérament, ils vont se liguer avec autant d’inconscience que de courage, pour lutter, à leur manière, contre la destruction de la forêt ancestrale.

L’histoire se développe sur un rythme très élevé, en passant d’un lieu à l’autre, avec la rencontre de personnages singuliers, hauts en couleurs, qui participent aussi à cette belle action écologique.  C’est drôle, émouvant, avec quelques digressions parfois surprenantes et des moments plus intimes, notamment quand Kéria vient à connaître le passé de sa famille, ce qui donne de l’épaisseur humaine et de la complexité aux personnages.

Claude Barras, maître de la création en pâte à modeler et de l’animation en stop motion adopte aussi un langage résolument moderne, avec des touches poétiques et quelques pirouettes pleines d’humour.  Et à aucun moment, son film ne verse dans la didactique et le démonstratif.

Une belle leçon de vie et de solidarité à ne pas seulement limiter aux enfants, avec cette question peut-être essentielle, posée par le titre du film lui-même : « Sauvages » : qui sont donc les sauvages ?  Les animaux ? Les autochtones ou …  ces exploiteurs – destructeurs aux allures militarisées ?

André CEUTERICK