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Clap Ciné du 18 septembre
Publié le 18 septembre, 2024

«Les Barbares»

C’est déjà le huitième long métrage de Julie Delpy, réalisatrice et actrice assez prolifique, qui tourne invariablement en France et à l’étranger.

En France, elle privilégie les comédies de mœurs, où se mêlent l’humour et la satire. C’est encore le cas avec « Les Barbares » dont le sujet est, à la base, plutôt grave, puisqu’il concerne les migrants.

Il règne une belle harmonie dans le petit village de Paimpont où, dans un grand élan de solidarité, les habitants acceptent avec enthousiasme de voter l’accueil de réfugiés ukrainiens.  C’est dans l’air du temps.  Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens mais … syriens, ce qui n’est pas vraiment dans l’air du temps ! Et certains ne voient pas leur arrivée d’un très bon œil.  Hervé, un plombier aux idées machistes plutôt extrémistes mène la fronde et les habitants vont peu à peu radicaliser leur comportement …

Parmi eux, certaines personnalités conduisent l’action du film : Sébastien, le maire du village, un brave homme, jovial, ouvert, conciliant mais qui veut éviter remous et emportements, Joëlle, l’institutrice, idéaliste et altruiste « qui rêve d’un monde meilleur », Anne, son amie d’enfance, propriétaire de la supérette, assez portée sur l’apéro, Johnny, le garde-champêtre, fou de … Johnny dont la meilleure réplique est « moi, je ne parle pas le Macron ! » et bien sûr Hervé, machiste, raciste et fouteur de troubles …

Une galerie de personnages, un peu caricaturaux, mais qui donnent au film un tour parfois grinçant, sans en avoir l’air, et un énergie assez communicative.  Un film qui se veut drôle et emballant mais qui, en filigrane, tend à la réflexion et à la critique.

Le casting est sympa, et de bonne qualité : aux côtés de Julie Delpy, il y a Sandrine Kiberlain, Laurent Laffite, Mathieu Demy et Ziad Bakri.

«Langue étrangère »

En 2014, la Caméra l’Or du meilleur premier film du festival de Cannes était attribuée à trois jeunes cinéastes qui s’étaient lancé dans le cinéma par le biais d’un travail collectif, avant de partir chacun de leur côté.

Parmi ceux-ci, Claire Burger qui a réalisé un premier film en solo en 2019 « C’est ça l’amour » et qui revient cette année avec ce deuxième film, très réussi, « Langue Etrangère ».

Le point de départ est plutôt personnel puisque Claire Burger raconte une histoire transfrontalière, elle qui est née et a grandi à la frontière franco-allemande.

Fanny, une lycéenne française de 17 ans à Strasbourg, part en échange en Allemagne, à Leipzig.  Elle rencontre sa correspondante Lena, qui a le même âge qu’elle et qui est déjà engagée dans l’activisme politique.

Pour impressionner Lena, la timide et fragile Fanny s’invente une vie différente de ce qu’elle est réellement mais elle est peu à peu empêtrée dans son réseau de mensonges et d’affabulations.  Le film développe, prioritairement, la relation entre ces deux adolescentes, au caractère, à la culture, à la sensibilité, très différentes.  Les premiers contacts sont difficiles mais Fanny et Lena vont se rapprocher, non seulement par leurs préoccupations respectives d’adolescentes à la recherche de leur voie mais aussi d’elles-mêmes, mais aussi en laissant libre cours à leur désir et à l’éveil de leur sentiment amoureux.

Claire Burger enrichit ce sujet central de thèmes liés aux rapports familiaux, aux errances des jeunes dans une société chaotique où la violence politique abîme un certain idéal humaniste, aux phantasmes de l’une, aux colères de l’autre, le tout constitue une sorte de radiographie du monde actuel entre haine de l’autre (harcèlement à l’école), manque de confiance en soi, désœuvrement des adultes (la mère de Lena).  Mais Claire Burger nous parle d’amour vrai et sincère entre ces deux jeunes filles en quête d’éclosion.  C’est juste, c’est sensible, c’est criant de vérité.

                                                                                                       André CEUTERICK

Clap Ciné du 18 septembre
Publié le 18 septembre, 2024

«Les Barbares»

C’est déjà le huitième long métrage de Julie Delpy, réalisatrice et actrice assez prolifique, qui tourne invariablement en France et à l’étranger.

En France, elle privilégie les comédies de mœurs, où se mêlent l’humour et la satire. C’est encore le cas avec « Les Barbares » dont le sujet est, à la base, plutôt grave, puisqu’il concerne les migrants.

Il règne une belle harmonie dans le petit village de Paimpont où, dans un grand élan de solidarité, les habitants acceptent avec enthousiasme de voter l’accueil de réfugiés ukrainiens.  C’est dans l’air du temps.  Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens mais … syriens, ce qui n’est pas vraiment dans l’air du temps ! Et certains ne voient pas leur arrivée d’un très bon œil.  Hervé, un plombier aux idées machistes plutôt extrémistes mène la fronde et les habitants vont peu à peu radicaliser leur comportement …

Parmi eux, certaines personnalités conduisent l’action du film : Sébastien, le maire du village, un brave homme, jovial, ouvert, conciliant mais qui veut éviter remous et emportements, Joëlle, l’institutrice, idéaliste et altruiste « qui rêve d’un monde meilleur », Anne, son amie d’enfance, propriétaire de la supérette, assez portée sur l’apéro, Johnny, le garde-champêtre, fou de … Johnny dont la meilleure réplique est « moi, je ne parle pas le Macron ! » et bien sûr Hervé, machiste, raciste et fouteur de troubles …

Une galerie de personnages, un peu caricaturaux, mais qui donnent au film un tour parfois grinçant, sans en avoir l’air, et un énergie assez communicative.  Un film qui se veut drôle et emballant mais qui, en filigrane, tend à la réflexion et à la critique.

Le casting est sympa, et de bonne qualité : aux côtés de Julie Delpy, il y a Sandrine Kiberlain, Laurent Laffite, Mathieu Demy et Ziad Bakri.

«Langue étrangère »

En 2014, la Caméra l’Or du meilleur premier film du festival de Cannes était attribuée à trois jeunes cinéastes qui s’étaient lancé dans le cinéma par le biais d’un travail collectif, avant de partir chacun de leur côté.

Parmi ceux-ci, Claire Burger qui a réalisé un premier film en solo en 2019 « C’est ça l’amour » et qui revient cette année avec ce deuxième film, très réussi, « Langue Etrangère ».

Le point de départ est plutôt personnel puisque Claire Burger raconte une histoire transfrontalière, elle qui est née et a grandi à la frontière franco-allemande.

Fanny, une lycéenne française de 17 ans à Strasbourg, part en échange en Allemagne, à Leipzig.  Elle rencontre sa correspondante Lena, qui a le même âge qu’elle et qui est déjà engagée dans l’activisme politique.

Pour impressionner Lena, la timide et fragile Fanny s’invente une vie différente de ce qu’elle est réellement mais elle est peu à peu empêtrée dans son réseau de mensonges et d’affabulations.  Le film développe, prioritairement, la relation entre ces deux adolescentes, au caractère, à la culture, à la sensibilité, très différentes.  Les premiers contacts sont difficiles mais Fanny et Lena vont se rapprocher, non seulement par leurs préoccupations respectives d’adolescentes à la recherche de leur voie mais aussi d’elles-mêmes, mais aussi en laissant libre cours à leur désir et à l’éveil de leur sentiment amoureux.

Claire Burger enrichit ce sujet central de thèmes liés aux rapports familiaux, aux errances des jeunes dans une société chaotique où la violence politique abîme un certain idéal humaniste, aux phantasmes de l’une, aux colères de l’autre, le tout constitue une sorte de radiographie du monde actuel entre haine de l’autre (harcèlement à l’école), manque de confiance en soi, désœuvrement des adultes (la mère de Lena).  Mais Claire Burger nous parle d’amour vrai et sincère entre ces deux jeunes filles en quête d’éclosion.  C’est juste, c’est sensible, c’est criant de vérité.

                                                                                                       André CEUTERICK