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Clap ciné du 24 juillet
Publié le 25 juillet, 2024

« Perdidos en la noche » (« Perdus dans la nuit »)

On trouve dans ce nouveau film du réalisateur mexicain Amat Escalante les ingrédients à la fois d’un film criminel, d’un drame psychologique, d’un scandale écologique, d’une réflexion sur la mort et le suicide le tout constituant le portrait d’une société mexicaine contemporaine corrompue, violente et socialement discriminatoire.

L’histoire se passe donc au Mexique, dans une campagne de province, où, au début du film, on voit des policiers enlever une activiste écologiste et ses compagnons qui s’opposaient à un projet minier polluant.  On ne les reverra plus.  3 ans plus tard, son fils Emiliano recherche toujours les responsables de la disparition de sa mère.  Ne recevant aucune aide de la police ou du système judiciaire, ses recherches le mènent à la riche famille Aldama : Carmen, chanteuse et actrice célèbre, sa fille Monica, une petite influenceuse oisive et superficielle et Rigo, mari de Carmen, artiste et ami du chef de la  police du coin …  jadis impliqué dans l’enlèvement de la mère de Emiliano.  Celui-ci, avec sa petite amie Yazmin, propose à la famille de les engager pour de menus travaux …

Il y a ici plusieurs histoires : celle d’Emiliano et Jazmin, qui vivent dans une semi-pauvreté, celle de la famille dont l’aisance et le mode de vie contrastent avec le contexte local, celle de la vie au quotidien de cette région : la police corrompue, l’industrialisation minière, la section d’évangélisation des villageois, et, sans qu’il n’en soit directement question, la guerre des petits gangs (l’assassinat d’une gamine de 6 ans, un groupe de jeunes ados armés qui partent en expédition punitive, etc. …).

Fort d’un scénario riche et diversifié, Escalante mêle ainsi thriller, chronique de la bourgeoisie et satire sociale, le tout sur fond de violence sous-jacente.

« Perdidos en la noche » est le portrait d’une société éclatée, en pleine confusion, mais où le réalisateur ménage un certain espoir, à travers l’aveu de culpabilité de Rigo ou le comportement courageux de Emiliano.

«Paradis Paris ».

Marjane Satrapi, cinéaste franco-iranienne, a un parcours très étonnant : après deux premiers films d’animation de grande qualité, dont le fameux « Persepolis » en 2007 qui la fit connaître internationalement, elle s’est lancée dans le cinéma de fiction et dans d’ambitieuses productions internationales, pas toujours réussies.

Ici, nouvelle surprise : elle réalise une comédie chorale, sur le thème de la mort et de la dépression, avec un humour noir et un esprit satirique plutôt grinçant.

Elle fait ainsi défiler une série de personnages qui côtoient la mort, d’une manière ou d’une autre, mais aimeraient plutôt profiter de la vie et qui évoluent dans un même espace, autour d’un café parisien.  Il y a Giovanna, ex star de l’opéra qui a été déclarée morte par erreur mais la presse ne s’en émeut pas.  Il y a Mike, cascadeur anglais, qui doit venir à Paris pour un film, et qui défie la mort professionnellement.  Il y a Marie Cerise, une adolescente perturbée, qui se fait enlever sur un pont alors qu’elle voulait se suicider et qui se confie à son ravisseur.  Et encore, un chef d’orchestre, un maquilleur de plateau, le patron du café, un présentateur vedette de la télé, etc. …

Avec autant de personnages auxquels il faut donner une existence propre, le pari était plutôt risqué mais Marjane Satrapi réussit a bien faire fonctionner cet ensemble hétéroclite qu’elle inscrit dans une histoire finalement assez compacte, à la fois drôle, absurde et tragique portée par une kyrielle d’acteurs vedettes comme Monica Bellucci, André Dussollier, Eduardo Noriega, Rossy de Palma, Roschdy Zem, mais qui révèle aussi des comédiens peu connus comme Gwendal Marimoutou et Charline Balu-Emane.

André Ceuterick

Clap ciné du 24 juillet
Publié le 25 juillet, 2024

« Perdidos en la noche » (« Perdus dans la nuit »)

On trouve dans ce nouveau film du réalisateur mexicain Amat Escalante les ingrédients à la fois d’un film criminel, d’un drame psychologique, d’un scandale écologique, d’une réflexion sur la mort et le suicide le tout constituant le portrait d’une société mexicaine contemporaine corrompue, violente et socialement discriminatoire.

L’histoire se passe donc au Mexique, dans une campagne de province, où, au début du film, on voit des policiers enlever une activiste écologiste et ses compagnons qui s’opposaient à un projet minier polluant.  On ne les reverra plus.  3 ans plus tard, son fils Emiliano recherche toujours les responsables de la disparition de sa mère.  Ne recevant aucune aide de la police ou du système judiciaire, ses recherches le mènent à la riche famille Aldama : Carmen, chanteuse et actrice célèbre, sa fille Monica, une petite influenceuse oisive et superficielle et Rigo, mari de Carmen, artiste et ami du chef de la  police du coin …  jadis impliqué dans l’enlèvement de la mère de Emiliano.  Celui-ci, avec sa petite amie Yazmin, propose à la famille de les engager pour de menus travaux …

Il y a ici plusieurs histoires : celle d’Emiliano et Jazmin, qui vivent dans une semi-pauvreté, celle de la famille dont l’aisance et le mode de vie contrastent avec le contexte local, celle de la vie au quotidien de cette région : la police corrompue, l’industrialisation minière, la section d’évangélisation des villageois, et, sans qu’il n’en soit directement question, la guerre des petits gangs (l’assassinat d’une gamine de 6 ans, un groupe de jeunes ados armés qui partent en expédition punitive, etc. …).

Fort d’un scénario riche et diversifié, Escalante mêle ainsi thriller, chronique de la bourgeoisie et satire sociale, le tout sur fond de violence sous-jacente.

« Perdidos en la noche » est le portrait d’une société éclatée, en pleine confusion, mais où le réalisateur ménage un certain espoir, à travers l’aveu de culpabilité de Rigo ou le comportement courageux de Emiliano.

«Paradis Paris ».

Marjane Satrapi, cinéaste franco-iranienne, a un parcours très étonnant : après deux premiers films d’animation de grande qualité, dont le fameux « Persepolis » en 2007 qui la fit connaître internationalement, elle s’est lancée dans le cinéma de fiction et dans d’ambitieuses productions internationales, pas toujours réussies.

Ici, nouvelle surprise : elle réalise une comédie chorale, sur le thème de la mort et de la dépression, avec un humour noir et un esprit satirique plutôt grinçant.

Elle fait ainsi défiler une série de personnages qui côtoient la mort, d’une manière ou d’une autre, mais aimeraient plutôt profiter de la vie et qui évoluent dans un même espace, autour d’un café parisien.  Il y a Giovanna, ex star de l’opéra qui a été déclarée morte par erreur mais la presse ne s’en émeut pas.  Il y a Mike, cascadeur anglais, qui doit venir à Paris pour un film, et qui défie la mort professionnellement.  Il y a Marie Cerise, une adolescente perturbée, qui se fait enlever sur un pont alors qu’elle voulait se suicider et qui se confie à son ravisseur.  Et encore, un chef d’orchestre, un maquilleur de plateau, le patron du café, un présentateur vedette de la télé, etc. …

Avec autant de personnages auxquels il faut donner une existence propre, le pari était plutôt risqué mais Marjane Satrapi réussit a bien faire fonctionner cet ensemble hétéroclite qu’elle inscrit dans une histoire finalement assez compacte, à la fois drôle, absurde et tragique portée par une kyrielle d’acteurs vedettes comme Monica Bellucci, André Dussollier, Eduardo Noriega, Rossy de Palma, Roschdy Zem, mais qui révèle aussi des comédiens peu connus comme Gwendal Marimoutou et Charline Balu-Emane.

André Ceuterick