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Clap Ciné du 5 juin
Publié le 5 juin, 2024

«La fille de son père ».

C’est le deuxième long métrage d’Erwan Le Duc, après « Perdrix » en 2019, d’emblée présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes

Il évoque un amour perdu, le rapport intense entre un père célibataire et sa fille qui grandit, la recherche et l’affirmation d’une vraie identité.  Le tout avec une belle élégance, une fausse légèreté’ et une certaine poésie peut-être salvatrice.

Dans les années 2000, Etienne, 20 ans, rencontre Valérie, dont il tombe amoureux.  Ils sont en couple, ont un enfant … Quelques mois plus tard, Valérie disparaît subitement, sans plus jamais revenir.

Etienne élève seul la petite Rosa.  A 17 ans, elle est sélectionnée pour intégrer une école des Beaux Arts à Metz.  Etienne, entraîneur d’une équipe de football amateur, a consacré tout son temps à l’éducation de sa fille dont le départ le perturbe beaucoup, même s’il peut compter sur le soutien d’Hélène, chauffeuse de taxi, avec qui il envisagerait bien de s’installer dans un nouvel appartement…  Mais est-il prêt à cette nouvelle vie avec une autre femme et surtout sans sa fille ?

La mise en scène d’Erwan Le Duc est légère, vive, alerte, avec un Étienne toujours en mouvement, avec des sauts de narration et de temps, avec des personnages ordinaires qui ont de la consistance, des élans de tendresse, avec aussi quelques scènes burlesques qui font un peu penser au cinéma d’Abel et Gordon.

Ces deux-là jouent leur vie avec le plaisir d’une complicité presque fusionnelle, de temps à autre ponctué de moments plus tendus quand Rose comprend que son père a gardé, au fond de lui, le souvenir idéalisé de cette mère qu’elle n’a jamais connue.

Et le film tient finalement dans ces quelques mots qu’Étienne avait écrit à  sa nouvelle amoureuse Hélène : « Je veux de la douceur, je veux que les larmes sèchent, je veux qu’on m’invente une passion, un joie qui soit tenace et profonde … 

De l’émotion, de la tendresse, de la poésie qui font grand bien.

«La vie rêvée de Miss Fran » (« Sometimes I think about dying »)

Dans son deuxième film « La vie rêvée de Miss Fran », Rachel Lambert met en scène une femme étrange, d’une timidité maladive, vouée à la solitude et à l’isolement, qui semble incapable de nouer des liens avec autrui.

Fran vit seule, de façon monotone, presque au ralenti, dans la ville portuaire de Portland, en Oregon.  Entre son domicile, froid et bien rangé et la petite société où elle gère les fournitures avec application, il ne se passe rien.  Elle n’a pas d’histoire, ne connaît pas de voisins, ne communique pas avec ses collègues de bureau, qui la remarquent à peine.

Elle se sent si différente, comme hors du monde, incapable de la moindre sociabilisation.  Alors elle se réfugie dans son monde intérieur peuplé de forêts, d’océans, avec des images de nature suffocantes et sinistres.  Elle aime même rêver qu’elle est morte ou qu’elle flotte quelque part.  Et puis, un jour, arrive Robert, un nouveau collègue qui bouscule son quotidien, qui trouble son apathie, dont elle se rapproche maladroitement, avec qui elle pourrait même avoir une relation …

Rachel Lambert s’attache aux objets, aux extérieurs insipides, filme en gros plans le visage inexpressif de Fran, ses mains, ses gestes mécaniques, ses premiers échanges avec Robert …  Rachel Lambert filme, avec délicatesse et retenue, l’absence de vie, la fragilité, la solitude, l’ennui, en présageant néanmoins un déclic possible.  On pourrait dire que c’est un film paisible, tranquille, presque contemplatif comme son héroïne et l’environnement dans lequel elle évolue mais il y a, sousjacente, une immense sensibilité pour traiter d’un élément essentiel : l’ouverture à l’autre pour libérer sa vie.

Avec Daisy Ridley, révélée en 2015 par le rôle de Rey dans « Star Wars : le réveil de la force » de J.J. Abrams.

André CEUTERICK

Clap Ciné du 5 juin
Publié le 5 juin, 2024

«La fille de son père ».

C’est le deuxième long métrage d’Erwan Le Duc, après « Perdrix » en 2019, d’emblée présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes

Il évoque un amour perdu, le rapport intense entre un père célibataire et sa fille qui grandit, la recherche et l’affirmation d’une vraie identité.  Le tout avec une belle élégance, une fausse légèreté’ et une certaine poésie peut-être salvatrice.

Dans les années 2000, Etienne, 20 ans, rencontre Valérie, dont il tombe amoureux.  Ils sont en couple, ont un enfant … Quelques mois plus tard, Valérie disparaît subitement, sans plus jamais revenir.

Etienne élève seul la petite Rosa.  A 17 ans, elle est sélectionnée pour intégrer une école des Beaux Arts à Metz.  Etienne, entraîneur d’une équipe de football amateur, a consacré tout son temps à l’éducation de sa fille dont le départ le perturbe beaucoup, même s’il peut compter sur le soutien d’Hélène, chauffeuse de taxi, avec qui il envisagerait bien de s’installer dans un nouvel appartement…  Mais est-il prêt à cette nouvelle vie avec une autre femme et surtout sans sa fille ?

La mise en scène d’Erwan Le Duc est légère, vive, alerte, avec un Étienne toujours en mouvement, avec des sauts de narration et de temps, avec des personnages ordinaires qui ont de la consistance, des élans de tendresse, avec aussi quelques scènes burlesques qui font un peu penser au cinéma d’Abel et Gordon.

Ces deux-là jouent leur vie avec le plaisir d’une complicité presque fusionnelle, de temps à autre ponctué de moments plus tendus quand Rose comprend que son père a gardé, au fond de lui, le souvenir idéalisé de cette mère qu’elle n’a jamais connue.

Et le film tient finalement dans ces quelques mots qu’Étienne avait écrit à  sa nouvelle amoureuse Hélène : « Je veux de la douceur, je veux que les larmes sèchent, je veux qu’on m’invente une passion, un joie qui soit tenace et profonde … 

De l’émotion, de la tendresse, de la poésie qui font grand bien.

«La vie rêvée de Miss Fran » (« Sometimes I think about dying »)

Dans son deuxième film « La vie rêvée de Miss Fran », Rachel Lambert met en scène une femme étrange, d’une timidité maladive, vouée à la solitude et à l’isolement, qui semble incapable de nouer des liens avec autrui.

Fran vit seule, de façon monotone, presque au ralenti, dans la ville portuaire de Portland, en Oregon.  Entre son domicile, froid et bien rangé et la petite société où elle gère les fournitures avec application, il ne se passe rien.  Elle n’a pas d’histoire, ne connaît pas de voisins, ne communique pas avec ses collègues de bureau, qui la remarquent à peine.

Elle se sent si différente, comme hors du monde, incapable de la moindre sociabilisation.  Alors elle se réfugie dans son monde intérieur peuplé de forêts, d’océans, avec des images de nature suffocantes et sinistres.  Elle aime même rêver qu’elle est morte ou qu’elle flotte quelque part.  Et puis, un jour, arrive Robert, un nouveau collègue qui bouscule son quotidien, qui trouble son apathie, dont elle se rapproche maladroitement, avec qui elle pourrait même avoir une relation …

Rachel Lambert s’attache aux objets, aux extérieurs insipides, filme en gros plans le visage inexpressif de Fran, ses mains, ses gestes mécaniques, ses premiers échanges avec Robert …  Rachel Lambert filme, avec délicatesse et retenue, l’absence de vie, la fragilité, la solitude, l’ennui, en présageant néanmoins un déclic possible.  On pourrait dire que c’est un film paisible, tranquille, presque contemplatif comme son héroïne et l’environnement dans lequel elle évolue mais il y a, sousjacente, une immense sensibilité pour traiter d’un élément essentiel : l’ouverture à l’autre pour libérer sa vie.

Avec Daisy Ridley, révélée en 2015 par le rôle de Rey dans « Star Wars : le réveil de la force » de J.J. Abrams.

André CEUTERICK