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Clap Ciné du 17 avril
Publié le 17 avril, 2024

« Rosalie ».

Le 2ème long métrage de Stéphanie Di Giusto, après « La Danseuse » (2016) où Soko jouait le rôle d’une fille de ferme américaine qui devint une star des cabarets de Paris au début du 20ème siècle et se produisit même sur la scène du grand opéra.

Dans « Rosalie », Stéphanie Di Giusto s’intéresse à nouveau à l’identité féminine, interroge d’une autre manière le corps et la transformation physique de la femme, en s’inspirant de l’histoire vraie de Clémentine Delait, une célèbre femme à barbe française de la fin du 19ème siècle.

Rosalie est une jeune femme dans la France de 1870 que son père, veuf, conduit dans une petite ville du Nord chez Abel, un ancien soldat d’une quarantaine d’années qui a repris la taverne locale.  Il lui donne, en guise de dot, pour qu’il épouse sa fille une importante somme d’argent.  Cela devrait lui permettre de rembourser une partie de ses dettes à Marcelin, un riche notable qui emploie la plupart des gens du coin.  Ils se marient mais Rosalie ne peut cacher très longtemps son secret : elle est, en réalité, une femme à barbe.

Fou de colère, Abel la chasse puis la reprend. Rosalie va progressivement assumer sa réelle identité et devient une curiosité locale …

Drame historique reconstitué dans des décors et des costumes d’époque, le film « Rosalie » traite de thèmes encore très actuels : la discrimination  des femmes, le refus de la différence, la haine de l’autre dans une société confinée.

Le personnage de Rosalie se transforme : jeune femme craintive et angoissée par des cauchemars répétés, elle décide par la suite d’afficher son étonnante pilosité et, portant fièrement la barbe, elle apparaît comme une femme élégante et resplendissante.

Stéphanie Di Giusto ne verse à aucun moment dans l’exhibition, le démonstratif, le sensationnel : elle présente cette si particulière réalité, avec sensibilité et humanité.  La mise en scène est sobre, classique, peut-être un peu figée mais qui met à nouveau en exergue le talent lumineux de Nadia Tereszkiewicz révélée par « Les Amandiers » de Valéria Bruni Tedeschi, qui lui valut, l’an dernier, le César du meilleur espoir féminin, et il y a aussi l’intensité dramatique d’un Benoît Magimel, plus présent que jamais en tête d’affiche du cinéma français.

« La nouvelle Femme »

Dans ce premier long métrage de fiction, la documentaliste Léa Todorov, évoque le destin exceptionnel de Maria Montessori, femme médecin du début du 20ème siècle qui a développé une nouvelle méthode éducative qui porte son nom.

Le point de départ du film se situe à Paris en 1900 où Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne et chanteuse de cabaret renommée, a un secret honteux : sa fille Tina née avec un handicap mental  et qu’elle avait laissée à la garde de sa mère jusqu’à la mort de celle-ci.

Peu disposée à s’occuper d’une enfant qui menace sa carrière, Lili décide de quitter provisoirement Paris pour Rome où elle l’inscrit dans un centre novateur spécialisé dans l’éducation des enfants dits « déficients mentaux ».  Elle y rencontre Maria qui co-dirige avec Giuseppe, son collègue et amant et qui est aussi le père de son enfant éloigné, car né hors mariage …

Les deux femmes, pénalisées par la suprématie masculine, vont commencer à s’entraider …

Même si elle s’inspire de faits réels directement liés à la personnalité et au parcours professionnel de Maria Montessori, Léa Todorov privilégie, à partir de ce personnage, le développement de quelques thèmes sociaux essentiels : le poids d’une société machiste qui ne laisse guère de place aux femmes, même fortes et brillantes comme Maria Montessori, l’importance des liens du mariage dans la reconnaissance parentale, l’hypocrisie et le mépris des autorités scientifiques qui refusent de reconnaître les prodigieuses recherches de Maria (et même de les rémunérer) et, plus dur encore, le traitement infligé à ces enfants déficients mentaux, qui, sans elle, auraient été enfermés à l’asile.

Yasmine Trinca donne beaucoup d’intensité dramatique mais aussi de force émotive à l’admirable Maria Montessori et Leila Bekhti transgresse la frivolité initiale du personnage de Lili pour en faire une mère digne et responsable.

André CEUTERICK

Clap Ciné du 17 avril
Publié le 17 avril, 2024

« Rosalie ».

Le 2ème long métrage de Stéphanie Di Giusto, après « La Danseuse » (2016) où Soko jouait le rôle d’une fille de ferme américaine qui devint une star des cabarets de Paris au début du 20ème siècle et se produisit même sur la scène du grand opéra.

Dans « Rosalie », Stéphanie Di Giusto s’intéresse à nouveau à l’identité féminine, interroge d’une autre manière le corps et la transformation physique de la femme, en s’inspirant de l’histoire vraie de Clémentine Delait, une célèbre femme à barbe française de la fin du 19ème siècle.

Rosalie est une jeune femme dans la France de 1870 que son père, veuf, conduit dans une petite ville du Nord chez Abel, un ancien soldat d’une quarantaine d’années qui a repris la taverne locale.  Il lui donne, en guise de dot, pour qu’il épouse sa fille une importante somme d’argent.  Cela devrait lui permettre de rembourser une partie de ses dettes à Marcelin, un riche notable qui emploie la plupart des gens du coin.  Ils se marient mais Rosalie ne peut cacher très longtemps son secret : elle est, en réalité, une femme à barbe.

Fou de colère, Abel la chasse puis la reprend. Rosalie va progressivement assumer sa réelle identité et devient une curiosité locale …

Drame historique reconstitué dans des décors et des costumes d’époque, le film « Rosalie » traite de thèmes encore très actuels : la discrimination  des femmes, le refus de la différence, la haine de l’autre dans une société confinée.

Le personnage de Rosalie se transforme : jeune femme craintive et angoissée par des cauchemars répétés, elle décide par la suite d’afficher son étonnante pilosité et, portant fièrement la barbe, elle apparaît comme une femme élégante et resplendissante.

Stéphanie Di Giusto ne verse à aucun moment dans l’exhibition, le démonstratif, le sensationnel : elle présente cette si particulière réalité, avec sensibilité et humanité.  La mise en scène est sobre, classique, peut-être un peu figée mais qui met à nouveau en exergue le talent lumineux de Nadia Tereszkiewicz révélée par « Les Amandiers » de Valéria Bruni Tedeschi, qui lui valut, l’an dernier, le César du meilleur espoir féminin, et il y a aussi l’intensité dramatique d’un Benoît Magimel, plus présent que jamais en tête d’affiche du cinéma français.

« La nouvelle Femme »

Dans ce premier long métrage de fiction, la documentaliste Léa Todorov, évoque le destin exceptionnel de Maria Montessori, femme médecin du début du 20ème siècle qui a développé une nouvelle méthode éducative qui porte son nom.

Le point de départ du film se situe à Paris en 1900 où Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne et chanteuse de cabaret renommée, a un secret honteux : sa fille Tina née avec un handicap mental  et qu’elle avait laissée à la garde de sa mère jusqu’à la mort de celle-ci.

Peu disposée à s’occuper d’une enfant qui menace sa carrière, Lili décide de quitter provisoirement Paris pour Rome où elle l’inscrit dans un centre novateur spécialisé dans l’éducation des enfants dits « déficients mentaux ».  Elle y rencontre Maria qui co-dirige avec Giuseppe, son collègue et amant et qui est aussi le père de son enfant éloigné, car né hors mariage …

Les deux femmes, pénalisées par la suprématie masculine, vont commencer à s’entraider …

Même si elle s’inspire de faits réels directement liés à la personnalité et au parcours professionnel de Maria Montessori, Léa Todorov privilégie, à partir de ce personnage, le développement de quelques thèmes sociaux essentiels : le poids d’une société machiste qui ne laisse guère de place aux femmes, même fortes et brillantes comme Maria Montessori, l’importance des liens du mariage dans la reconnaissance parentale, l’hypocrisie et le mépris des autorités scientifiques qui refusent de reconnaître les prodigieuses recherches de Maria (et même de les rémunérer) et, plus dur encore, le traitement infligé à ces enfants déficients mentaux, qui, sans elle, auraient été enfermés à l’asile.

Yasmine Trinca donne beaucoup d’intensité dramatique mais aussi de force émotive à l’admirable Maria Montessori et Leila Bekhti transgresse la frivolité initiale du personnage de Lili pour en faire une mère digne et responsable.

André CEUTERICK