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Clap Ciné du 27 mars
Publié le 27 mars, 2024

«Hors saison»

Stéphane Brizé apparaissait jusqu’à présent, comme le porte drapeau d’un cinéma social revendicateur, ancré das le réel d’une société d’exploitation et de profit (« La loi du marché », «Un autre monde », « En guerre »).

Il étonne en changeant ici, radicalement de registre : « Hors saison » est une chronique romantique, empreinte d’une profonde mélancolie et mise en scène avec beaucoup de délicatesse.

Acteur populaire au cinéma, Mathieu quitte Paris et se rend dans un établissement de thalassothérapie quelque part dans une petite cité balnéaire dans l’Ouest de la France. Il est très perturbé par ce qu’il vient de faire : quitter brutalement la préparation d’une pièce quelques semaines avant la première.  Mathieu voulait tenter le théâtre mais soudain il a eu peur et s’en est allé.  Restée à Paris, sa femme, une présentatrice vedette du J.T., le soutient par téléphone …

Un jour, il reçoit un message à l’hôtel : c’est Alice, un ancien amour, qui reprend contact avec lui.

Professeure de piano, elle vit là-bas avec son mari, médecin,  et sa fille adolescente …  Il l’avait quittée 15 ans plus tôt …  Elle évoque leur rupture, si douloureuse pour elle, il se sent coupable, s’excuse, se rapproche à nouveau d’elle ..

Stéphane Brizé observe ces retrouvailles et le comportement de ces deux anciens amoureux, elle, faussement radieuse et encore écorchée à l’intérieur, lui, en pleine dépression et qui retrouve de la sensibilité, de l’affection, quelques vagues moments d’un bonheur fugace.

On pourrait reprocher au film sa lenteur, son indolence, ses longs moments de dialogues d’apparence banale et de promenades au bord de mer.  Mais Brizé prend le temps de saisir la mélancolie de son sujet, les hésitations des deux personnages, l’impression de solitude, la meurtrissure du sentiment amoureux. « Hors Saison » est une plongée au cœur de l’intime que porte avec une belle émotion retenue, presque distanciée : Guillaume Canet, dont la première partie du film peut apparaître comme une auto dérision de sa propre personnalité et  Alba Rohrwacher dont le sourire enjoué et les yeux mouillants font frisonner.

« Les rois de la piste »

C’est le nouveau film de Thierry Klifa, plutôt à l’aise dans les chroniques familiales (« Le héros de la famille » – 2006) et le récit romanesque (« Une vie à t’attendre », sans doute son meilleur film avec P. Bruel et Nathalie Baye).

D’ailleurs, Klifa réussit toujours à réunir une impressionnante brochette de grands comédiens comme c’est encore le cas ici puisque, à l’affiche « Des rois de la piste », il y a Fanny Ardant, Nicolas Duvauchelle, Mathieu Kassovitz, Laetitia Dosch, Michel Vuillermoz, …

Néanmoins, il change un peu de registre en développant une comédie légère, parfois un peu burlesque et on est partagé entre l’excellente prestation de Fanny Ardant par exemple qui se lâche dans quelques joyeux numéros et le côté assez bancal d’un scénario plombé par certaines scènes plutôt rocambolesques.

Rachel (Fanny Ardant donc  à l’écran) est une mère de famille extravagante, un peu chef de gang, qui entraîne ses deux fils, Jérémie et Sam, et son petit fils Nathan, dans des entreprises illicites.   Ainsi un dernier cambriolage qui tourne mal : les deux frères parviennent à s’enfuir mais le gamin est arrêté : on le retrouve trois ans plus tard à sa sortie de prison, où personne n’est venu le voir, mais où sa grand-mère l’attend …

 Rachel doit contenir les querelles familiales  Nathan est furieux d’avoir payé pour les autres, Sam s’est planqué comme agent de sécurité dans un casino et Jérémie a disparu avec le tableau volé.  Ils vont finalement le retrouver dans un petit village de Bretagne où il a ouvert une librairie.  Les Rois de la piste (d’où le titre du film) et où il est devenu Sarah, à ses heures, chanteuse de cabaret.

Ils sont par ailleurs pistés par un inspecteur d’assurances et sa collègue détective qui s’infiltre dans la famille en séduisant Sam …  Tout cela est quand même assez farfelu mais l’idée initiale d’un cambriolage en famille est assez plaisante et quelques rebondissements peuvent surprendre … 

André CEUTERICK

Clap Ciné du 27 mars
Publié le 27 mars, 2024

«Hors saison»

Stéphane Brizé apparaissait jusqu’à présent, comme le porte drapeau d’un cinéma social revendicateur, ancré das le réel d’une société d’exploitation et de profit (« La loi du marché », «Un autre monde », « En guerre »).

Il étonne en changeant ici, radicalement de registre : « Hors saison » est une chronique romantique, empreinte d’une profonde mélancolie et mise en scène avec beaucoup de délicatesse.

Acteur populaire au cinéma, Mathieu quitte Paris et se rend dans un établissement de thalassothérapie quelque part dans une petite cité balnéaire dans l’Ouest de la France. Il est très perturbé par ce qu’il vient de faire : quitter brutalement la préparation d’une pièce quelques semaines avant la première.  Mathieu voulait tenter le théâtre mais soudain il a eu peur et s’en est allé.  Restée à Paris, sa femme, une présentatrice vedette du J.T., le soutient par téléphone …

Un jour, il reçoit un message à l’hôtel : c’est Alice, un ancien amour, qui reprend contact avec lui.

Professeure de piano, elle vit là-bas avec son mari, médecin,  et sa fille adolescente …  Il l’avait quittée 15 ans plus tôt …  Elle évoque leur rupture, si douloureuse pour elle, il se sent coupable, s’excuse, se rapproche à nouveau d’elle ..

Stéphane Brizé observe ces retrouvailles et le comportement de ces deux anciens amoureux, elle, faussement radieuse et encore écorchée à l’intérieur, lui, en pleine dépression et qui retrouve de la sensibilité, de l’affection, quelques vagues moments d’un bonheur fugace.

On pourrait reprocher au film sa lenteur, son indolence, ses longs moments de dialogues d’apparence banale et de promenades au bord de mer.  Mais Brizé prend le temps de saisir la mélancolie de son sujet, les hésitations des deux personnages, l’impression de solitude, la meurtrissure du sentiment amoureux. « Hors Saison » est une plongée au cœur de l’intime que porte avec une belle émotion retenue, presque distanciée : Guillaume Canet, dont la première partie du film peut apparaître comme une auto dérision de sa propre personnalité et  Alba Rohrwacher dont le sourire enjoué et les yeux mouillants font frisonner.

« Les rois de la piste »

C’est le nouveau film de Thierry Klifa, plutôt à l’aise dans les chroniques familiales (« Le héros de la famille » – 2006) et le récit romanesque (« Une vie à t’attendre », sans doute son meilleur film avec P. Bruel et Nathalie Baye).

D’ailleurs, Klifa réussit toujours à réunir une impressionnante brochette de grands comédiens comme c’est encore le cas ici puisque, à l’affiche « Des rois de la piste », il y a Fanny Ardant, Nicolas Duvauchelle, Mathieu Kassovitz, Laetitia Dosch, Michel Vuillermoz, …

Néanmoins, il change un peu de registre en développant une comédie légère, parfois un peu burlesque et on est partagé entre l’excellente prestation de Fanny Ardant par exemple qui se lâche dans quelques joyeux numéros et le côté assez bancal d’un scénario plombé par certaines scènes plutôt rocambolesques.

Rachel (Fanny Ardant donc  à l’écran) est une mère de famille extravagante, un peu chef de gang, qui entraîne ses deux fils, Jérémie et Sam, et son petit fils Nathan, dans des entreprises illicites.   Ainsi un dernier cambriolage qui tourne mal : les deux frères parviennent à s’enfuir mais le gamin est arrêté : on le retrouve trois ans plus tard à sa sortie de prison, où personne n’est venu le voir, mais où sa grand-mère l’attend …

 Rachel doit contenir les querelles familiales  Nathan est furieux d’avoir payé pour les autres, Sam s’est planqué comme agent de sécurité dans un casino et Jérémie a disparu avec le tableau volé.  Ils vont finalement le retrouver dans un petit village de Bretagne où il a ouvert une librairie.  Les Rois de la piste (d’où le titre du film) et où il est devenu Sarah, à ses heures, chanteuse de cabaret.

Ils sont par ailleurs pistés par un inspecteur d’assurances et sa collègue détective qui s’infiltre dans la famille en séduisant Sam …  Tout cela est quand même assez farfelu mais l’idée initiale d’un cambriolage en famille est assez plaisante et quelques rebondissements peuvent surprendre … 

André CEUTERICK