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Clap Ciné du 07 février
Publié le 7 février, 2024

«Amal »

Il y a vraiment beaucoup de film intéressant à voir cette semaine.   Mais il a fallu faire un choix.  Dès lors, j’ai fait celui de l’engagement.

D’abord, celui de « Amal » réalisé par Jawad  Rhalib qui nous immerge dans une école laïque bruxelloise, dans un quartier où la population musulmane est très présente.

Amal  y est professeur de français et elle encourage ses élèves à cultiver la passion de la lecture, à revendiquer la liberté d’expression et à vouloir l’acceptation de l’autre.  Mais son franc-parler dérange la communauté musulmane qui s’oppose à ses méthodes pédagogiques et qui conteste avec virulence ses choix de textes et de débats.  Mais Amal résiste et fait valoir son bon droit.  Mais lorsqu’elle décide de soutenir Monia, une étudiante marocaine soupçonnée d’être homosexuelle et, pour cela, insultée, harcelée et même agressée physiquement, la situation s’envenime …

Dans « Amal », un film de fiction à part entière, Jawad Rhalib, d’abord documentariste (qui réalisa l’excellent « Au temps où les Arabes dansaient » – 2018), développe son sujet à partir d’une observation forte et profonde de la réalité de l’enseignement.

Dans la classe d’Amal, il y a des adolescents d’origines et de religions différentes, sans aucun signe distinctif extérieur.  Pourtant, l’intolérance et la haine s’expriment avec une violence grandissante  Amal n’a pas peur, même face au professeur de religion coranique qui conforte les positions les plus extrêmes. Jawad Rhalib évite les clichés des filles voilées, des garçons déjà barbus et des imans vindicaeurs.  Son film ne porte jamais atteinte à l’islam en tant que tel mais il dénonce sans retenue celles et ceux qui en détournent les écrits pour imposer leur vision du monde.  Avec fanatisme.  Comme le dit Amal à une étudiante radicale « la religion n’a rien à faire dans l’école.  Elle concerne la vie privée », Amal, personnage exemplaire, porté avec énergie et conviction par une bouillonnante Lubna Azabal

«Joan Baez : I am a Noice »

Autre engagement : celui de la chanteuse folk Joan Baez, à qui est consacré un remarquable documentaire, profondément sincère et d’une émotion forte mais toujours retenue.

Immense artiste et célèbre activiste américaine, Joan Baez a fait ses adieux à la scène en 2019, avec un tout dernier concert à l’Olympia et une ovation bouleversante, en hommage à ses 60 ans de carrière.

Dans le film, elle se raconte elle-même, revient sur sa vie, son enfance sa famille, ses combats, et se livre, sans fard ni artifice,  avec cette vérité profonde et cette authenticité humaine qui rendent plus admirables encore cette grande et noble dame aux cheveux grisonnants, à l’approche de ses 80 ans.

Cette grande et belle confession existentielle est illustrée par des documents personnels, des photos et reportages d’archives, des témoignages en voix off et bien sûr quelques (trop) brèves séquences de spectacle et concert.  Sans oublier bien sûr ses inlassables prises de position publiques en faveur de la paix, de la non violence et du respect absolu des droits de l’homme.

De ces si nombreux moments forts du film, on retiendra par exemple ce premier aveu d’adolescente qui « n’est pas une sainte, qui passe son temps à chanter, à danser, à déranger, qui n’est qu’un bruit (d’où le titre du film) », ses première ballades sur la petite scène du club 47, en 1958, avec cette voix sublime dont on dit déjà, quand elle n’a que 18 ans, que c’est la meilleure chanteuse du monde, la marche pour les droits civiques en 1963 et le discours de Martin Luther King, « Le plus beau jour », dira-t-elle, de sa rencontre magique avec le jeune rebelle Bob Dylan et de cet amour qui lui a brisé le cœur, de ses déclarations fracassantes contre la guerre du Vietnam, etc. …

C’est aussi le portrait d’une femme aux multiples angoisses, névroses et crises de panique, à la fragilité mentale, aux meurtrissures intérieures, aux troubles inavoués d’une jeunesse parfois chaotique et aux questionnements sans issue sur la gloire, la célébrité, la folie du monde …

Avec en filigrane, l’histoire d’une Amérique en pleine tourmente …

Pour Joan Baez, c’est le temps de la retraite et de la sérénité à venir, avec une voix qui, elle, appartient à l’éternité.

André Ceuterick est à retrouver chaque mercredi à 14h sur Sud Radio.

Clap Ciné du 07 février
Publié le 7 février, 2024

«Amal »

Il y a vraiment beaucoup de film intéressant à voir cette semaine.   Mais il a fallu faire un choix.  Dès lors, j’ai fait celui de l’engagement.

D’abord, celui de « Amal » réalisé par Jawad  Rhalib qui nous immerge dans une école laïque bruxelloise, dans un quartier où la population musulmane est très présente.

Amal  y est professeur de français et elle encourage ses élèves à cultiver la passion de la lecture, à revendiquer la liberté d’expression et à vouloir l’acceptation de l’autre.  Mais son franc-parler dérange la communauté musulmane qui s’oppose à ses méthodes pédagogiques et qui conteste avec virulence ses choix de textes et de débats.  Mais Amal résiste et fait valoir son bon droit.  Mais lorsqu’elle décide de soutenir Monia, une étudiante marocaine soupçonnée d’être homosexuelle et, pour cela, insultée, harcelée et même agressée physiquement, la situation s’envenime …

Dans « Amal », un film de fiction à part entière, Jawad Rhalib, d’abord documentariste (qui réalisa l’excellent « Au temps où les Arabes dansaient » – 2018), développe son sujet à partir d’une observation forte et profonde de la réalité de l’enseignement.

Dans la classe d’Amal, il y a des adolescents d’origines et de religions différentes, sans aucun signe distinctif extérieur.  Pourtant, l’intolérance et la haine s’expriment avec une violence grandissante  Amal n’a pas peur, même face au professeur de religion coranique qui conforte les positions les plus extrêmes. Jawad Rhalib évite les clichés des filles voilées, des garçons déjà barbus et des imans vindicaeurs.  Son film ne porte jamais atteinte à l’islam en tant que tel mais il dénonce sans retenue celles et ceux qui en détournent les écrits pour imposer leur vision du monde.  Avec fanatisme.  Comme le dit Amal à une étudiante radicale « la religion n’a rien à faire dans l’école.  Elle concerne la vie privée », Amal, personnage exemplaire, porté avec énergie et conviction par une bouillonnante Lubna Azabal

«Joan Baez : I am a Noice »

Autre engagement : celui de la chanteuse folk Joan Baez, à qui est consacré un remarquable documentaire, profondément sincère et d’une émotion forte mais toujours retenue.

Immense artiste et célèbre activiste américaine, Joan Baez a fait ses adieux à la scène en 2019, avec un tout dernier concert à l’Olympia et une ovation bouleversante, en hommage à ses 60 ans de carrière.

Dans le film, elle se raconte elle-même, revient sur sa vie, son enfance sa famille, ses combats, et se livre, sans fard ni artifice,  avec cette vérité profonde et cette authenticité humaine qui rendent plus admirables encore cette grande et noble dame aux cheveux grisonnants, à l’approche de ses 80 ans.

Cette grande et belle confession existentielle est illustrée par des documents personnels, des photos et reportages d’archives, des témoignages en voix off et bien sûr quelques (trop) brèves séquences de spectacle et concert.  Sans oublier bien sûr ses inlassables prises de position publiques en faveur de la paix, de la non violence et du respect absolu des droits de l’homme.

De ces si nombreux moments forts du film, on retiendra par exemple ce premier aveu d’adolescente qui « n’est pas une sainte, qui passe son temps à chanter, à danser, à déranger, qui n’est qu’un bruit (d’où le titre du film) », ses première ballades sur la petite scène du club 47, en 1958, avec cette voix sublime dont on dit déjà, quand elle n’a que 18 ans, que c’est la meilleure chanteuse du monde, la marche pour les droits civiques en 1963 et le discours de Martin Luther King, « Le plus beau jour », dira-t-elle, de sa rencontre magique avec le jeune rebelle Bob Dylan et de cet amour qui lui a brisé le cœur, de ses déclarations fracassantes contre la guerre du Vietnam, etc. …

C’est aussi le portrait d’une femme aux multiples angoisses, névroses et crises de panique, à la fragilité mentale, aux meurtrissures intérieures, aux troubles inavoués d’une jeunesse parfois chaotique et aux questionnements sans issue sur la gloire, la célébrité, la folie du monde …

Avec en filigrane, l’histoire d’une Amérique en pleine tourmente …

Pour Joan Baez, c’est le temps de la retraite et de la sérénité à venir, avec une voix qui, elle, appartient à l’éternité.

André Ceuterick est à retrouver chaque mercredi à 14h sur Sud Radio.