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« Un silence » et « Un coup de dés » à découvrir au cinéma
Publié le 29 janvier, 2024

« Un silence »

Après « Elève libre » et « A perdre la raison » pour ne citer que ces 2 films parmi d’autres, le réalisateur belge Joachim Lafosse, aborde un sujet grave et angoissant directement lié à une affaire de pédophilie.  Dans « Un silence », il ne montre rien de cela, n’explique pas grand-chose mais tout y est fort, pesant, dans une atmosphère oppressante où les personnages se réfugient dans le secret, le déni, le silence à proprement parler.

Dans la première séquence du film, Astrid Schaar vient voir une commissaire de police car son fils Raphaël a disparu après avoir tenté de tuer son père François.  C’est la fin de l’histoire ou presque mais qui éveille d’emblée la curiosité du spectateur et la question est posée : de quoi s’agit-il en vérité ?  On remonte un peu dans le temps : François est un avocat brillant, médiatisé, qui depuis 5 ans défend les victimes d’un pédophile.  La nuit, il regarde des vidéos pédopornographiques sur son ordinateur professionnel.  Il est marié à Astrid depuis une trentaine d’années et ont eu 2 enfants : Caroline, mariée et jeune maman et Raphaël, un grand adolescent instable et fragile.  Il n’y a sans doute plus beaucoup d’amour entre François et Astrid mais une complicité dans les non-dits et certains oublis du passé. Astrid est au courant de la « maladie » de son mari mais se persuade qu’il est guéri.  Enfin peut-être …

Lafosse souligne ainsi la culpabilité de ceux qui savent mais qui se taisent, dans ce cas-ci, pour préserver une confortable vie bourgeoise et éviter le scandale public.

Le message est clair, sans pour autant qu’il soit exprimé de manière démonstrative.  La force du film se trouve au détour de quelques scènes faussement anodines et de personnages cernés par la caméra mais dont la vérité reste confusément enfouie.  Et c’est tout l’art du cinéma que maîtrise si bien Joachim Lafosse.

Dans les rôles principaux, Daniel Auteuil et Emmanuelle Devos sont parfaits de trouble, de faux semblants, à la fois si apparemment lisses et si profondément coupables.

« Un coup de dés »

Après la comédie plutôt légère de « Mon chien stupide » et le procès à suspense « Des choses humaines », Yvan Attal, réalisateur mais aussi acteur, s’essaie à un nouveau genre : le thriller avec ce nouveau film « Un coup de dés » dont le point de départ est assez surprenant.

Un soir, Mathieu et Delphine, avec leur jeune fils sont agressés chez eux et menacés de mort mais Vincent, accompagné de sa femme Juliette, arrive juste à temps pour assommer l’agresseur.  Il vient de sauver la vie de son ami Mathieu, terrassé par la peur.

Dix ans plus tard, les deux couples, inséparables, mènent une vie idéale sur la côte d’Azur où Vincent a créé une société immobilière dans laquelle il a engagé Mathieu.  Et l’affaire est très rentable. Ainsi, Mathieu doit tout à son ami Vincent : son travail, sa maison, son bien être et … sa vie, dix ans plus tôt !

Mais un jour, il découvre que Vincent trompe sa femme Juliette avec une belle inconnue, ce qui ébranle sa fidèle amitié.

Puis d’incidents imprévus en mauvaises coïncidences, la vie des quatre amis se déconstruire …  Et quand la maîtresse est retrouvée morte, ce sera le temps des mensonges, des lâchetés, des trahisons, des fausses et vraies culpabilités.

Le film est assez prenant, non tant au niveau de l’action proprement dite, qui en elle-même n’a rien de spectaculaire, qu’au niveau du comportement des personnages et de leurs réactions face aux événements …

C’est assez bien ficelé et bien interprétés : aux côtés d’Yvan Attal, il y a Guillaume Canet, Marie-Josée Croze et Maïwenn (plus effacée quand même que dans son très beau « Jeanne du Barry »).

Un bémol : on comprend mal pourquoi Yvan Attal s’exprime de temps à autre en voix off, ce qui casse l’atmosphère et l’intensité du film.

André Ceuterick

« Un silence » et « Un coup de dés » à découvrir au cinéma
Publié le 29 janvier, 2024

« Un silence »

Après « Elève libre » et « A perdre la raison » pour ne citer que ces 2 films parmi d’autres, le réalisateur belge Joachim Lafosse, aborde un sujet grave et angoissant directement lié à une affaire de pédophilie.  Dans « Un silence », il ne montre rien de cela, n’explique pas grand-chose mais tout y est fort, pesant, dans une atmosphère oppressante où les personnages se réfugient dans le secret, le déni, le silence à proprement parler.

Dans la première séquence du film, Astrid Schaar vient voir une commissaire de police car son fils Raphaël a disparu après avoir tenté de tuer son père François.  C’est la fin de l’histoire ou presque mais qui éveille d’emblée la curiosité du spectateur et la question est posée : de quoi s’agit-il en vérité ?  On remonte un peu dans le temps : François est un avocat brillant, médiatisé, qui depuis 5 ans défend les victimes d’un pédophile.  La nuit, il regarde des vidéos pédopornographiques sur son ordinateur professionnel.  Il est marié à Astrid depuis une trentaine d’années et ont eu 2 enfants : Caroline, mariée et jeune maman et Raphaël, un grand adolescent instable et fragile.  Il n’y a sans doute plus beaucoup d’amour entre François et Astrid mais une complicité dans les non-dits et certains oublis du passé. Astrid est au courant de la « maladie » de son mari mais se persuade qu’il est guéri.  Enfin peut-être …

Lafosse souligne ainsi la culpabilité de ceux qui savent mais qui se taisent, dans ce cas-ci, pour préserver une confortable vie bourgeoise et éviter le scandale public.

Le message est clair, sans pour autant qu’il soit exprimé de manière démonstrative.  La force du film se trouve au détour de quelques scènes faussement anodines et de personnages cernés par la caméra mais dont la vérité reste confusément enfouie.  Et c’est tout l’art du cinéma que maîtrise si bien Joachim Lafosse.

Dans les rôles principaux, Daniel Auteuil et Emmanuelle Devos sont parfaits de trouble, de faux semblants, à la fois si apparemment lisses et si profondément coupables.

« Un coup de dés »

Après la comédie plutôt légère de « Mon chien stupide » et le procès à suspense « Des choses humaines », Yvan Attal, réalisateur mais aussi acteur, s’essaie à un nouveau genre : le thriller avec ce nouveau film « Un coup de dés » dont le point de départ est assez surprenant.

Un soir, Mathieu et Delphine, avec leur jeune fils sont agressés chez eux et menacés de mort mais Vincent, accompagné de sa femme Juliette, arrive juste à temps pour assommer l’agresseur.  Il vient de sauver la vie de son ami Mathieu, terrassé par la peur.

Dix ans plus tard, les deux couples, inséparables, mènent une vie idéale sur la côte d’Azur où Vincent a créé une société immobilière dans laquelle il a engagé Mathieu.  Et l’affaire est très rentable. Ainsi, Mathieu doit tout à son ami Vincent : son travail, sa maison, son bien être et … sa vie, dix ans plus tôt !

Mais un jour, il découvre que Vincent trompe sa femme Juliette avec une belle inconnue, ce qui ébranle sa fidèle amitié.

Puis d’incidents imprévus en mauvaises coïncidences, la vie des quatre amis se déconstruire …  Et quand la maîtresse est retrouvée morte, ce sera le temps des mensonges, des lâchetés, des trahisons, des fausses et vraies culpabilités.

Le film est assez prenant, non tant au niveau de l’action proprement dite, qui en elle-même n’a rien de spectaculaire, qu’au niveau du comportement des personnages et de leurs réactions face aux événements …

C’est assez bien ficelé et bien interprétés : aux côtés d’Yvan Attal, il y a Guillaume Canet, Marie-Josée Croze et Maïwenn (plus effacée quand même que dans son très beau « Jeanne du Barry »).

Un bémol : on comprend mal pourquoi Yvan Attal s’exprime de temps à autre en voix off, ce qui casse l’atmosphère et l’intensité du film.

André Ceuterick