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Clap Ciné du 10 janvier
Publié le 10 janvier, 2024

« Io capitano »

Un titre italien puisque son auteur est l’excellent réalisateur italien Mateo Garrone à qui on doit notamment le fameux « Gomorra » (en 2008), fresque sur la mafia italienne, « Dogman » et « Pinocchio ». Avec « Io Capitano », il a été primé au dernier festival de Venise.

De l’Italie, il ne sera question que dans les rêves de Seydou et Moussa, deux jeunes Sénégalais, qui décident de quitter leur terre natale, à l’insu de leur famille, pour rejoindre l’Europe.  Mais en chemin, leurs espoirs d’une vie meilleure seront rapidement anéantis par tous les dangers auxquels ils sont confrontés : l’arnaque des fabricants de faux papiers, la  corruption des douaniers au Mali, les milices armées libyennes, le vol de leur argent et même la torture pour Seydou, séparé de son cousin Moussa, lui-même enlevé par des bandits du désert …  Toute l’horreur de l’immigration clandestine filmée sous un angle dont on nous parle peu : le voyage lui-même, bien avant qu’il ne soit  généralement question, dans les reportages d’actualité de bateaux échoués au large de Lampedusa ou de cadavres rejetés par le mer.

Mateo Garrone réalise un drame humaniste extrêmement touchant, bouleversant, avec quelques scènes très dures mais aussi, en inserts, des moments oniriques qui constituent, en rêve, une sorte d’évasion pour les deux adolescents.

Garrone s’attache davantage au personnage de Seydou qui étonne par son courage, sa détermination, sa force morale et qui acquiert une folle maturité pour échapper  au désespoir et devenir l’improbable capitaine d’un rafiot bourré de migrants qui guettent les côtes italiennes.  Une incroyable leçon de vie et un cri d’alarme sur cette insupportable condition humaine liée à l’immigration clandestine.

« Monster (l’Innocence) »

Le nouveau film du maître actuel du cinéma japonais, Hirokazu Kore Eda, qui réalisa de si beaux films comme « Nobody knows » (2004), « Tel père, tel fils » (2013), « Les bonnes étoiles » (2022) et bien sûr « Une affaire de famille », qui lui valut la palme d’or au festival de Cannes en 2018.

L’histoire se passe dans une ville du Japon où Saori, une mère célibataire vit seule avec son fils Minato dont le comportement a changé depuis quelque temps.  Elle s’en inquiète et l’enfant sous-entend alors qu’il est harcelé à l’école par son professeur, Monsieur Hori.  Celui-ci est convoqué par le directrice de l’école et confronté à Saori à qui il présente des excuses.

Mais un peu plus tard, il révèle que Minato harcèle son camarade Yori, … Au lendemain d’une tempête, Minato disparaît … Kore Eda remonte alors le temps et revient quelques mois auparavant quand Monsieur Hori intègre l’école et qu’il constate le comportement violent de Minato …

Le récit est morcelé en trois points de vue.  La première partie du film suit Saori, la mère célibataire qui s’oppose au personnel de l’école ; puis on passe à Hori l’instituteur accusé de tous les maux, dans la dernière partie Kore Eda fournit certains éclaircissements sur l’intrigue en s’attachant essentiellement au personnage de l’enfant.

Et puis, au-delà de ce très habile exercice formel, il y a le fondement thématique essentiel de l’innocence : celui d’une enfance meurtrie et livrée à elle-même.

RAMDAM à Tournai :

C’est ce vendredi 12 janvier que s’ouvrira la 14ème édition du festival Ramdam de Tournai, le bien nommé festival du film qui dérange et il le sera d’emblée avec ce premier film choc « Femme » de Sam Freeman  et  Ng Choon Ping, un film anglais qui raconte l’histoire du Jules, drag-queen, traumatisé par une violente agression homophobe.  Quand il retrouve quelques mois plus tard son agresseur dans un sauna gay, il pense à le séduire pour se venger ensuite mais la relation, dure et ambiguë prend progressivement une tournure assez inattendue … Un film sans complaisance, sur un sujet dur, difficile, avec des scènes parfois très physiques et des personnages  – la bande de voyous – démontrant une violence au premier degré… Je vous le disais : un film qui dérange. Le Ramdam, c’est du 12 au 22 janvier. 

Clap Ciné sur Sud Radio, c’est avec André Ceuterick chaque mercredi à 14h.

Clap Ciné du 10 janvier
Publié le 10 janvier, 2024

« Io capitano »

Un titre italien puisque son auteur est l’excellent réalisateur italien Mateo Garrone à qui on doit notamment le fameux « Gomorra » (en 2008), fresque sur la mafia italienne, « Dogman » et « Pinocchio ». Avec « Io Capitano », il a été primé au dernier festival de Venise.

De l’Italie, il ne sera question que dans les rêves de Seydou et Moussa, deux jeunes Sénégalais, qui décident de quitter leur terre natale, à l’insu de leur famille, pour rejoindre l’Europe.  Mais en chemin, leurs espoirs d’une vie meilleure seront rapidement anéantis par tous les dangers auxquels ils sont confrontés : l’arnaque des fabricants de faux papiers, la  corruption des douaniers au Mali, les milices armées libyennes, le vol de leur argent et même la torture pour Seydou, séparé de son cousin Moussa, lui-même enlevé par des bandits du désert …  Toute l’horreur de l’immigration clandestine filmée sous un angle dont on nous parle peu : le voyage lui-même, bien avant qu’il ne soit  généralement question, dans les reportages d’actualité de bateaux échoués au large de Lampedusa ou de cadavres rejetés par le mer.

Mateo Garrone réalise un drame humaniste extrêmement touchant, bouleversant, avec quelques scènes très dures mais aussi, en inserts, des moments oniriques qui constituent, en rêve, une sorte d’évasion pour les deux adolescents.

Garrone s’attache davantage au personnage de Seydou qui étonne par son courage, sa détermination, sa force morale et qui acquiert une folle maturité pour échapper  au désespoir et devenir l’improbable capitaine d’un rafiot bourré de migrants qui guettent les côtes italiennes.  Une incroyable leçon de vie et un cri d’alarme sur cette insupportable condition humaine liée à l’immigration clandestine.

« Monster (l’Innocence) »

Le nouveau film du maître actuel du cinéma japonais, Hirokazu Kore Eda, qui réalisa de si beaux films comme « Nobody knows » (2004), « Tel père, tel fils » (2013), « Les bonnes étoiles » (2022) et bien sûr « Une affaire de famille », qui lui valut la palme d’or au festival de Cannes en 2018.

L’histoire se passe dans une ville du Japon où Saori, une mère célibataire vit seule avec son fils Minato dont le comportement a changé depuis quelque temps.  Elle s’en inquiète et l’enfant sous-entend alors qu’il est harcelé à l’école par son professeur, Monsieur Hori.  Celui-ci est convoqué par le directrice de l’école et confronté à Saori à qui il présente des excuses.

Mais un peu plus tard, il révèle que Minato harcèle son camarade Yori, … Au lendemain d’une tempête, Minato disparaît … Kore Eda remonte alors le temps et revient quelques mois auparavant quand Monsieur Hori intègre l’école et qu’il constate le comportement violent de Minato …

Le récit est morcelé en trois points de vue.  La première partie du film suit Saori, la mère célibataire qui s’oppose au personnel de l’école ; puis on passe à Hori l’instituteur accusé de tous les maux, dans la dernière partie Kore Eda fournit certains éclaircissements sur l’intrigue en s’attachant essentiellement au personnage de l’enfant.

Et puis, au-delà de ce très habile exercice formel, il y a le fondement thématique essentiel de l’innocence : celui d’une enfance meurtrie et livrée à elle-même.

RAMDAM à Tournai :

C’est ce vendredi 12 janvier que s’ouvrira la 14ème édition du festival Ramdam de Tournai, le bien nommé festival du film qui dérange et il le sera d’emblée avec ce premier film choc « Femme » de Sam Freeman  et  Ng Choon Ping, un film anglais qui raconte l’histoire du Jules, drag-queen, traumatisé par une violente agression homophobe.  Quand il retrouve quelques mois plus tard son agresseur dans un sauna gay, il pense à le séduire pour se venger ensuite mais la relation, dure et ambiguë prend progressivement une tournure assez inattendue … Un film sans complaisance, sur un sujet dur, difficile, avec des scènes parfois très physiques et des personnages  – la bande de voyous – démontrant une violence au premier degré… Je vous le disais : un film qui dérange. Le Ramdam, c’est du 12 au 22 janvier. 

Clap Ciné sur Sud Radio, c’est avec André Ceuterick chaque mercredi à 14h.