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Clap Ciné du 27 décembre
Publié le 27 décembre, 2023

« Une affaire d’honneur »

Pour son 4ème long métrage en tant que réalisateur, (« Peau d’ange », « Si j’étais toi », « Seul à Berlin »), Vincent Perez traite d’un sujet dont il a tourné de nombreuses scènes épiques en tant que comédien : les combats à l’épée, spectaculaires et héroïques, comme dans « La Reine Margot » de Patrice Chéreau, « Le Bossu » de Philippe De Broca, ou encore « Fanfan, la tulipe » de Gérard Krawczyk.

Néanmoins, il dépasse très largement ici les exploits de ses personnages à la fine lame pour traiter de l’art du duel, en profondeur, dans son envisagement socio-historique et même technique et professionnel.

L’histoire se passe très précisément à Paris, en 1887.  A cette époque, qui fait suite à la désastreuse guerre de 1870, seul le duel fait foi pour défendre son honneur.

Maître d’armes renommé, Clément Lacaze enseigne l’escrime dans une école parisienne, y compris à son neveu Adrien, qui sera tué dans un duel à l’épée par un colonel très expérimenté.  Clément exige alors de venger son neveu dans un affrontement au pistolet et blesse le militaire qui, un peu plus tard, exigera à son tour réparation …

Par ailleurs, Clément donne un entraînement intensif à une certaine Marie-Rose Astié de Valsayre, une féministe avant-gardiste, qui s’insurge contre les idées machistes d’un directeur de journal.  Ce dernier se montre irrespectueux envers elle qui le défie alors en duel …

Vincent Perez réalise ici, avec brio, une œuvre historique ambitieuse, extrêmement bien documentée sur la technique, les armes, les règles, le sens de la noblesse, la rigueur du protocole de l’Art du duel.  Il évoque notamment l’humiliation éprouvées par certains soldats français défaits en 1870 et qui pensent restaurer leur dignité à travers ces combats et aborde aussi la problématique du féminisme naissant, dynamisé par le personnage de Marie-Rose Astié.

De ce film d’époque, en costumes, à la fois pédagogique et spectaculaire, dont certains propos font écho aux préoccupations de notre temps, se dégagent deux portraits extrêmement bien soignés, celui de Clément Lacaze, un ancien militaire, taiseux, plutôt austère, qui incarne la noblesse du maître d’armes, d’une intangible pureté et celui de Marie-Rose Astié, une femme dominante dans ce monde d’hommes, aux multiples talents, qui porte les revendications des femmes, avec une audace incroyable, une femme belle, impertinente, spirituelle et éprise de liberté.  Ces deux personnages qui ont réellement existé, sont interprétés de si belle manière et de maîtresse façon par Roschdy Zem et Dorier Tillier. 

« Vermines »

« Vermines » est le premier long métrage de Sébastien Vanicek qui ère un peu dans le cinéma depuis une quinzaine d’années avec quand même quelques bons courts métrages à son actif et des prix dans les festivals.

« Vermines » est un film de genre, un film de survivance, version horreur dont Vanicek utilise efficacement les codes sans tomber dans les clichés de scènes ostensiblement sanglantes ou de violence extrême appuyée et démonstrative.

Au premier degré, le film raconte l’histoire d’une araignée mortelle importée d’un lointain désert, qui s’échappe de la chambre d’un jeune amateur de spécimens dangereux, dans un immeuble d’une cité de banlieue dont la multiplication instantanée provoque une invasion d’araignées de plus en plus nombreuses, imposantes, terrifiantes.  Les habitants, piégés dans leur appartement, meurent les uns après les autres.  Une bande de jeunes tente désespérément d’échapper à la déferlante monstrueuse.

A partir de cette intrigue de base, Vanicek décline des thèmes élargis à la configuration des lieux (un HLM avec ses sombres petits logements, ses longs couloirs mal éclairés, ses escaliers peu rassurants, …), un espace confiné qui suggère une sorte d’enfermement social et humain, microcosme d’une cité de banlieue parisienne (du côté de Saint Denis), où les gens se connaissent, s’apprécient, peuvent s’entraider, sans qu’il ne soit question de drogues, de règlements de compte ou de drames familiaux, comme le cinéma le montre si souvent.

La mise en scène est vive et nerveuse, avec des plans serrés, des jeux de miroirs, des lumières fuyantes, un montage « au couteau », une atmosphère intense, suffocante et une bande son totalement appropriée.

« Vermines » impressionne, non seulement par son sujet lui-même, de nature horrible, mais aussi par son univers visuel et sonore.  Une belle réussite narrative et formelle d’un auteur prometteur.

André Ceuterick.

Clap Ciné, c’est chaque mercredi à 14h sur Sud Radio.

Clap Ciné du 27 décembre
Publié le 27 décembre, 2023

« Une affaire d’honneur »

Pour son 4ème long métrage en tant que réalisateur, (« Peau d’ange », « Si j’étais toi », « Seul à Berlin »), Vincent Perez traite d’un sujet dont il a tourné de nombreuses scènes épiques en tant que comédien : les combats à l’épée, spectaculaires et héroïques, comme dans « La Reine Margot » de Patrice Chéreau, « Le Bossu » de Philippe De Broca, ou encore « Fanfan, la tulipe » de Gérard Krawczyk.

Néanmoins, il dépasse très largement ici les exploits de ses personnages à la fine lame pour traiter de l’art du duel, en profondeur, dans son envisagement socio-historique et même technique et professionnel.

L’histoire se passe très précisément à Paris, en 1887.  A cette époque, qui fait suite à la désastreuse guerre de 1870, seul le duel fait foi pour défendre son honneur.

Maître d’armes renommé, Clément Lacaze enseigne l’escrime dans une école parisienne, y compris à son neveu Adrien, qui sera tué dans un duel à l’épée par un colonel très expérimenté.  Clément exige alors de venger son neveu dans un affrontement au pistolet et blesse le militaire qui, un peu plus tard, exigera à son tour réparation …

Par ailleurs, Clément donne un entraînement intensif à une certaine Marie-Rose Astié de Valsayre, une féministe avant-gardiste, qui s’insurge contre les idées machistes d’un directeur de journal.  Ce dernier se montre irrespectueux envers elle qui le défie alors en duel …

Vincent Perez réalise ici, avec brio, une œuvre historique ambitieuse, extrêmement bien documentée sur la technique, les armes, les règles, le sens de la noblesse, la rigueur du protocole de l’Art du duel.  Il évoque notamment l’humiliation éprouvées par certains soldats français défaits en 1870 et qui pensent restaurer leur dignité à travers ces combats et aborde aussi la problématique du féminisme naissant, dynamisé par le personnage de Marie-Rose Astié.

De ce film d’époque, en costumes, à la fois pédagogique et spectaculaire, dont certains propos font écho aux préoccupations de notre temps, se dégagent deux portraits extrêmement bien soignés, celui de Clément Lacaze, un ancien militaire, taiseux, plutôt austère, qui incarne la noblesse du maître d’armes, d’une intangible pureté et celui de Marie-Rose Astié, une femme dominante dans ce monde d’hommes, aux multiples talents, qui porte les revendications des femmes, avec une audace incroyable, une femme belle, impertinente, spirituelle et éprise de liberté.  Ces deux personnages qui ont réellement existé, sont interprétés de si belle manière et de maîtresse façon par Roschdy Zem et Dorier Tillier. 

« Vermines »

« Vermines » est le premier long métrage de Sébastien Vanicek qui ère un peu dans le cinéma depuis une quinzaine d’années avec quand même quelques bons courts métrages à son actif et des prix dans les festivals.

« Vermines » est un film de genre, un film de survivance, version horreur dont Vanicek utilise efficacement les codes sans tomber dans les clichés de scènes ostensiblement sanglantes ou de violence extrême appuyée et démonstrative.

Au premier degré, le film raconte l’histoire d’une araignée mortelle importée d’un lointain désert, qui s’échappe de la chambre d’un jeune amateur de spécimens dangereux, dans un immeuble d’une cité de banlieue dont la multiplication instantanée provoque une invasion d’araignées de plus en plus nombreuses, imposantes, terrifiantes.  Les habitants, piégés dans leur appartement, meurent les uns après les autres.  Une bande de jeunes tente désespérément d’échapper à la déferlante monstrueuse.

A partir de cette intrigue de base, Vanicek décline des thèmes élargis à la configuration des lieux (un HLM avec ses sombres petits logements, ses longs couloirs mal éclairés, ses escaliers peu rassurants, …), un espace confiné qui suggère une sorte d’enfermement social et humain, microcosme d’une cité de banlieue parisienne (du côté de Saint Denis), où les gens se connaissent, s’apprécient, peuvent s’entraider, sans qu’il ne soit question de drogues, de règlements de compte ou de drames familiaux, comme le cinéma le montre si souvent.

La mise en scène est vive et nerveuse, avec des plans serrés, des jeux de miroirs, des lumières fuyantes, un montage « au couteau », une atmosphère intense, suffocante et une bande son totalement appropriée.

« Vermines » impressionne, non seulement par son sujet lui-même, de nature horrible, mais aussi par son univers visuel et sonore.  Une belle réussite narrative et formelle d’un auteur prometteur.

André Ceuterick.

Clap Ciné, c’est chaque mercredi à 14h sur Sud Radio.