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Clap Ciné du 20 décembre
Publié le 20 décembre, 2023

« L’étoile filante » est le cinquième film du couple Abel et Gordon, Dominique Abel et Fiona Gordon, duo scénique et artistique, si singulier, inclassable, égaré dans un univers dont ils transcendent la réalité par l’absurde, le burlesque, le décalage permanent de la narration et du jeu des personnages

« L’étoile filante » est peut-être moins drôle, moins poétique (malgré quelques scènes pleines d’enchantement et de mélancolie) moins tendre que les films précédents, comme le dernier en date, le magnifique « Paris pieds nus ».  On est plus dans le social, dans le film noir, dans le constat amer de ce monde sans conscience qui ravage le monde.

Le film se situe aujourd’hui à Bruxelles, même si tant d’éléments apparaissent hors de ce temps, de cette société, de ce réalisme au premier degré.

Boris, barman à l’Étoile filante, vit dans la clandestinité depuis 35 ans, à la suite de son implication dans un attentat qui a mal tourné.  « L’homme le plus recherché d’un quart de siècle », rappelle-t-il mais son passé refait surface quand une victime le retrouve et veut se venger.

L’apparition de Dom, homme dépressif qui ressemble comme deux goûtes d’eau à Boris, fournit à l’ex-activiste le moyen parfait pour échapper à la vengeance.

Boris et sa compagne Kayoko, une mystérieuse asiatique, secondés par leur fidèle portier Tim, organisent la substitution de Boris par Dom.  Mais quelque part, se trouve Fiona, l’ex-femme de Dom, détective privée alcoolo, version polar des années 50 …

Entre un bar l’Etoile Filante où il ne passe presque personne, une petite maison au bord du canal et quelques rues peu fréquentées où ils se déplacent dans des voitures désuètes ; voici des personnages types, comme issus d’un film noir : les gangsters (un activiste déchu, une femme fatale, un homme de main à la carrure massive, sourd et un peu benêt), le vengeur, victime de l’attentat qui a mal tourné, le paumé dépressif sans doute bon comme le pain et Fiona, détective privée, désabusée et solitaire, impayable dans son imperméable à la Colombo.

Un film presque muet, noir en couleurs, où tous se mettront à danser …  une fable d’un autre temps sur le monde d’aujourd’hui.  Un cinéma qui échappe à l’entendement, pas à l’enchantement.

« Soudain seuls »

Scénariste presque attitré de Jacques Audiard (pour « Un prophète », « De chair et d’os », « Dheepan », …) et réalisateur d’un premier long métrage assez remarqué en 2015, « Les Cowboys », avec François Damiens, Thomas Bidegain adapte pour ce nouveau film en tant que réalisateur, le roman « Soudain seuls «  d’Isabelle Autissier (paru en 2015).  Un film difficile, de survie, avec deux personnages et un décor omniprésent, à couper le souffle.

En couple depuis 5 ans,  Ben et Laura ont décidé de faire le tour du monde en bateau. Avant d’atteindre l’Amérique du Sud, ils font un détour pour visiter une île sauvage, près des côtes antarctiques.  Une tempête s’abat sur eux et ils doivent s’abriter dans une ancienne base baleinière en ruines.  Quand ils se réveillent le lendemain matin, leur bateau a disparu … Éloignés du monde, soudain seuls face au danger et à l’hiver qui approche, ils vont devoir lutter pour leur survie …  Dans cette adversité extrême, leur confiance mutuelle et leur amour explosent …

« Soudain seuls » est à la fois un film d’aventures extrême et une  introspection du couple : d’une part, deux êtres humains menacés dans leur force physique et  mentale par une nature sauvage, désertique, de plus en plus hostile au fil du temps qui passe, d’autre part un couple affectivement à fleur de peau, en crise dans une intimité difficile à supporter.

Il faut dépasser le côté logiquement invraisemblable et catastrophique du récit, pour  plonger dans cette atmosphère terrible et  intense de ce couple en perdition dans un décor hallucinant, du bout du monde, seulement habité par une colonie de manchots.

Heureusement pour la crédibilité globale du film, l’humain prend le pas sur le spectaculaire, grâce à l’interprétation du duo, inédit et sans doute théoriquement improbable Gilles Lelouche – Mélanie Thierry.  Lui impeccable en homme fort, dominant,  sûr de lui, qui se fragilise progressivement, tant physiquement que moralement, elle, affolée au départ mais qui finit par laisser libre cours à ses émotions et à sa détermination personnelle.

Clap Ciné, c’est chaque mercredi à 14h avec André Ceuterick sur Sud Radio.

Clap Ciné du 20 décembre
Publié le 20 décembre, 2023

« L’étoile filante » est le cinquième film du couple Abel et Gordon, Dominique Abel et Fiona Gordon, duo scénique et artistique, si singulier, inclassable, égaré dans un univers dont ils transcendent la réalité par l’absurde, le burlesque, le décalage permanent de la narration et du jeu des personnages

« L’étoile filante » est peut-être moins drôle, moins poétique (malgré quelques scènes pleines d’enchantement et de mélancolie) moins tendre que les films précédents, comme le dernier en date, le magnifique « Paris pieds nus ».  On est plus dans le social, dans le film noir, dans le constat amer de ce monde sans conscience qui ravage le monde.

Le film se situe aujourd’hui à Bruxelles, même si tant d’éléments apparaissent hors de ce temps, de cette société, de ce réalisme au premier degré.

Boris, barman à l’Étoile filante, vit dans la clandestinité depuis 35 ans, à la suite de son implication dans un attentat qui a mal tourné.  « L’homme le plus recherché d’un quart de siècle », rappelle-t-il mais son passé refait surface quand une victime le retrouve et veut se venger.

L’apparition de Dom, homme dépressif qui ressemble comme deux goûtes d’eau à Boris, fournit à l’ex-activiste le moyen parfait pour échapper à la vengeance.

Boris et sa compagne Kayoko, une mystérieuse asiatique, secondés par leur fidèle portier Tim, organisent la substitution de Boris par Dom.  Mais quelque part, se trouve Fiona, l’ex-femme de Dom, détective privée alcoolo, version polar des années 50 …

Entre un bar l’Etoile Filante où il ne passe presque personne, une petite maison au bord du canal et quelques rues peu fréquentées où ils se déplacent dans des voitures désuètes ; voici des personnages types, comme issus d’un film noir : les gangsters (un activiste déchu, une femme fatale, un homme de main à la carrure massive, sourd et un peu benêt), le vengeur, victime de l’attentat qui a mal tourné, le paumé dépressif sans doute bon comme le pain et Fiona, détective privée, désabusée et solitaire, impayable dans son imperméable à la Colombo.

Un film presque muet, noir en couleurs, où tous se mettront à danser …  une fable d’un autre temps sur le monde d’aujourd’hui.  Un cinéma qui échappe à l’entendement, pas à l’enchantement.

« Soudain seuls »

Scénariste presque attitré de Jacques Audiard (pour « Un prophète », « De chair et d’os », « Dheepan », …) et réalisateur d’un premier long métrage assez remarqué en 2015, « Les Cowboys », avec François Damiens, Thomas Bidegain adapte pour ce nouveau film en tant que réalisateur, le roman « Soudain seuls «  d’Isabelle Autissier (paru en 2015).  Un film difficile, de survie, avec deux personnages et un décor omniprésent, à couper le souffle.

En couple depuis 5 ans,  Ben et Laura ont décidé de faire le tour du monde en bateau. Avant d’atteindre l’Amérique du Sud, ils font un détour pour visiter une île sauvage, près des côtes antarctiques.  Une tempête s’abat sur eux et ils doivent s’abriter dans une ancienne base baleinière en ruines.  Quand ils se réveillent le lendemain matin, leur bateau a disparu … Éloignés du monde, soudain seuls face au danger et à l’hiver qui approche, ils vont devoir lutter pour leur survie …  Dans cette adversité extrême, leur confiance mutuelle et leur amour explosent …

« Soudain seuls » est à la fois un film d’aventures extrême et une  introspection du couple : d’une part, deux êtres humains menacés dans leur force physique et  mentale par une nature sauvage, désertique, de plus en plus hostile au fil du temps qui passe, d’autre part un couple affectivement à fleur de peau, en crise dans une intimité difficile à supporter.

Il faut dépasser le côté logiquement invraisemblable et catastrophique du récit, pour  plonger dans cette atmosphère terrible et  intense de ce couple en perdition dans un décor hallucinant, du bout du monde, seulement habité par une colonie de manchots.

Heureusement pour la crédibilité globale du film, l’humain prend le pas sur le spectaculaire, grâce à l’interprétation du duo, inédit et sans doute théoriquement improbable Gilles Lelouche – Mélanie Thierry.  Lui impeccable en homme fort, dominant,  sûr de lui, qui se fragilise progressivement, tant physiquement que moralement, elle, affolée au départ mais qui finit par laisser libre cours à ses émotions et à sa détermination personnelle.

Clap Ciné, c’est chaque mercredi à 14h avec André Ceuterick sur Sud Radio.