« L’enlèvement »
Le nouveau film de Marco Bellocchio, vétéran chevronné de 83 ans, toujours plus étonnant de vivacité, de maîtrise, de force narrative. Il y a 4 ans, il nous avait ébloui avec « Le traître », une terrible histoire de règlements de comptes au cœur de la mafia sicilienne dans les années 80.
Il aborde, dans « L’enlèvement », l’étonnante histoire, dont le fond est véridique, de l’un des derniers méfaits – largement méconnu – de l’Inquisition Italienne. Cela se passe dans la 2ème partie du 19ème siècle ; alors que l’emprise de la toute puissante église catholique commence à faiblir.
En juin 1858, dans le quartier juif de Bologne, l’Inquisiteur Feletti fait enlever à sa famille le petit Edgardo Mortara, 7 ans, car il a été baptisé en secret par une servante trop fervente pour le sauver de la maladie.
Les parents alertent la communauté juive, locale et plus largement nationale et européenne. Mais le Pape Pie IX, dont le pouvoir est vacillant, refuse de céder : l’enfant sera élevé dans la religion catholique. Pire encore : ils veulent en faire un fidèle serviteur de Dieu …
La narration est linéaire, chronologie et Bellocchio met en exergue, au fil des années qui passent, les principaux moments et faits de la jeunesse d’Edgardo, depuis son enlèvement jusqu’à sa majorité.
Il y a, d’une part, les efforts persistants de la famille qui veut récupérer son enfant, avec, en filigrane, l’humiliation subie par la minorité juive, et d’autre part l’obstination obscure et violente des ecclésiastiques pour forcer le destin du jeune garçon.
Mais au-delà de cette tragédie familiale, Marco Bellocchio met en scène, avec force et brio, la marche de la grande Histoire, de cette période de transition à la toute proche révolution qui redessinera l’Italie contemporaine.
Les décors sont somptueux, la musique omniprésente, et la mise en scène d’une élégante virtuosité.
« Le petit blond de la Casbah »
Après quelques gros succès comme « Le grand Pardon » (Roger Hanin), « L’Union Sacrée », un polar avec R. Berry et le jeune P. Bruel, « Ce que le jour doit à la nuit », adapté du chef d’œuvre de Yasmina Kadra, Alexandre Arcady apparaît comme un cinéaste vieillissant. Dix ans après son dernier film « 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi », un thriller intense sur fond d’antisémitisme, Arcady réalise « Le petit blond de la Casbah », peut-être un film testament ou, en tout cas un film souvenir autobiographique (il adapte son propre roman), qui retrace, par de longs flash backs, sa vie de famille à Alger pendant la guerre d’Indépendance. Le point de départ et le fil conducteur du récit ne sont que des prétextes pour ouvrir les portes de la mémoire et du passé. 40 ans plus tard, Antoine, cinéaste, retourne à Alger avec son fils pour présenter un film qui raconte son enfance dans l’Algérie des années 60.
Antoine, 13 ans vit dans un immeuble surpeuplé de la Casbah, avec ses parents, sa grand-mère et ses frères. Le début du film nous offre une scène mémorable : Antoine va pour la première fois au cinéma avec Josette, une jolie jeune voisine.
Dans la salle, on projette le chef d’œuvre de René Clément « Jeux Interdits » avec Georges Poujouly et Brigitte Fossey. Soudain, on entend une explosion à l’extérieur : le public se sauve … seul Antoine reste vissé à son siège, les yeux plein de larmes, fasciné par la petite Paulette qui erre dans le désordre de l’exode de 1940, un petit chien dans ses bras. Le ton et le sujet sont donnés : c’est la nostalgie d’une époque révolue, la guerre d’indépendance en Algérie et … la naissance d’une vocation de cinéaste …
Le film est à la fois sincère et émouvant mais aussi très convenu avec les inévitables clichés sur « l’Algérie française », « nous sommes chez nous », la judéité, la famille, l’appartenance et les racines … même si Arcady réussit à montrer avec authenticité la vie intérieure de l’immeuble de la Casbah.
Avec quelques bons comédiens : Marie Gillain (la mère en 1960) et Françoise Fabian (la mère de nos jours) et aussi Pascal Elbé, Michel Boujenah, Jean Benguigui, …
André Ceuterick
« L’enlèvement »
Le nouveau film de Marco Bellocchio, vétéran chevronné de 83 ans, toujours plus étonnant de vivacité, de maîtrise, de force narrative. Il y a 4 ans, il nous avait ébloui avec « Le traître », une terrible histoire de règlements de comptes au cœur de la mafia sicilienne dans les années 80.
Il aborde, dans « L’enlèvement », l’étonnante histoire, dont le fond est véridique, de l’un des derniers méfaits – largement méconnu – de l’Inquisition Italienne. Cela se passe dans la 2ème partie du 19ème siècle ; alors que l’emprise de la toute puissante église catholique commence à faiblir.
En juin 1858, dans le quartier juif de Bologne, l’Inquisiteur Feletti fait enlever à sa famille le petit Edgardo Mortara, 7 ans, car il a été baptisé en secret par une servante trop fervente pour le sauver de la maladie.
Les parents alertent la communauté juive, locale et plus largement nationale et européenne. Mais le Pape Pie IX, dont le pouvoir est vacillant, refuse de céder : l’enfant sera élevé dans la religion catholique. Pire encore : ils veulent en faire un fidèle serviteur de Dieu …
La narration est linéaire, chronologie et Bellocchio met en exergue, au fil des années qui passent, les principaux moments et faits de la jeunesse d’Edgardo, depuis son enlèvement jusqu’à sa majorité.
Il y a, d’une part, les efforts persistants de la famille qui veut récupérer son enfant, avec, en filigrane, l’humiliation subie par la minorité juive, et d’autre part l’obstination obscure et violente des ecclésiastiques pour forcer le destin du jeune garçon.
Mais au-delà de cette tragédie familiale, Marco Bellocchio met en scène, avec force et brio, la marche de la grande Histoire, de cette période de transition à la toute proche révolution qui redessinera l’Italie contemporaine.
Les décors sont somptueux, la musique omniprésente, et la mise en scène d’une élégante virtuosité.
« Le petit blond de la Casbah »
Après quelques gros succès comme « Le grand Pardon » (Roger Hanin), « L’Union Sacrée », un polar avec R. Berry et le jeune P. Bruel, « Ce que le jour doit à la nuit », adapté du chef d’œuvre de Yasmina Kadra, Alexandre Arcady apparaît comme un cinéaste vieillissant. Dix ans après son dernier film « 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi », un thriller intense sur fond d’antisémitisme, Arcady réalise « Le petit blond de la Casbah », peut-être un film testament ou, en tout cas un film souvenir autobiographique (il adapte son propre roman), qui retrace, par de longs flash backs, sa vie de famille à Alger pendant la guerre d’Indépendance. Le point de départ et le fil conducteur du récit ne sont que des prétextes pour ouvrir les portes de la mémoire et du passé. 40 ans plus tard, Antoine, cinéaste, retourne à Alger avec son fils pour présenter un film qui raconte son enfance dans l’Algérie des années 60.
Antoine, 13 ans vit dans un immeuble surpeuplé de la Casbah, avec ses parents, sa grand-mère et ses frères. Le début du film nous offre une scène mémorable : Antoine va pour la première fois au cinéma avec Josette, une jolie jeune voisine.
Dans la salle, on projette le chef d’œuvre de René Clément « Jeux Interdits » avec Georges Poujouly et Brigitte Fossey. Soudain, on entend une explosion à l’extérieur : le public se sauve … seul Antoine reste vissé à son siège, les yeux plein de larmes, fasciné par la petite Paulette qui erre dans le désordre de l’exode de 1940, un petit chien dans ses bras. Le ton et le sujet sont donnés : c’est la nostalgie d’une époque révolue, la guerre d’indépendance en Algérie et … la naissance d’une vocation de cinéaste …
Le film est à la fois sincère et émouvant mais aussi très convenu avec les inévitables clichés sur « l’Algérie française », « nous sommes chez nous », la judéité, la famille, l’appartenance et les racines … même si Arcady réussit à montrer avec authenticité la vie intérieure de l’immeuble de la Casbah.
Avec quelques bons comédiens : Marie Gillain (la mère en 1960) et Françoise Fabian (la mère de nos jours) et aussi Pascal Elbé, Michel Boujenah, Jean Benguigui, …
André Ceuterick