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Clap Ciné du 1 novembre
Publié le 2 novembre, 2023

« Les feuilles mortes »

Le film à voir absolument. En une vingtaine de films, le réalisateur finlandais Aki Kaurismaki a d’ores et déjà construit l’une des plus belles œuvres de cinéma, dans un style personnel, unique et inimitable et surtout empreinte d’une grande et si profonde humanité.  On se souvient de « L’homme sans passé », de « Le Havre », de « L’autre côté de l’espoir » et bien sur de « Au loin s’en vont les nuages » l’une de ses premières perles, dans les années 90.

Dans « Les feuilles mortes », gratifié du Prix du Jury au dernier festival de Cannes, il met en scène, avec délicatesse et sobriété, la rencontre de deux solitaires que la vie n’a pas beaucoup gâté.  Ansa travaille dans un supermarché dont elle sera renvoyée avant de trouver un boulot de plongeuse dans un petit club dont la patron est arrêté pour trafic de drogue.  Elle s’en va sans être payée …

Holoppa est ouvrier, manœuvre, manutentionnaire, dans une usine de pièces métalliques mais il boit beaucoup et finit par être renvoyé. 

Dans la banlieue triste et grisaillante de Helsinki, ils sont les marginaux d’aujourd’hui, victimes de l’injustice sociale qui semble être devenue un état naturel.  Kaurismaki ne s’embarrasse pas de quelque critique socio-libérale.  Il regarde, et nous avec lui, ces deux-là, en errance consentie et acceptée mais à qui le hasard, malgré quelques mauvais contretemps, va offrir cette rare occasion d’un  amour unique.  Et devant la caméra de Kaurismaki, cette improbable rencontre amoureuse, vécue presque au ralenti et soumise au caprice de certaines infortunes au quotidien, cette rencontre amoureuse devient alors presque magique et un très beau moment de cinéma.

Très peu de mots, juste ce qu’il faut pour rester parlant, quelques signes dans des décors presque figés, rien de pathétique ni de larmoyant mais, dans l’ensemble, une pénétrante bouffée de chaleur humaine.

Et reprenons ici la phrase de Kaurismaki lui-même :  « Mon angoisse face à des guerres vaines et criminelles m’a enfin conduit à écrire une histoire sur ce qui pourrait offrir un avenir à l’Humanité : le désir d’amour, la solidarité, le respect et l’espoir de l’autre ... »  Tout est dit !

« Second tour »

Le nouveau film de l’acteur-réalisateur Albert Dupontel qui reste sur quelques jolis succès avec « 9 mois ferme », « Adieu les cons » et « Au revoir là-haut ».

Dans « Second tour », il s’en prend, avec sa verve caustique habituelle et sa fantaisie débordante, au monde politique actuel, à son immobilisme, son clientélisme, son hypocrisie et ses réseaux d’influence prêts à tout pour tirer les ficelles du pouvoir.

Le héros du moment, favori pour le second tour de l’élection présidentielle, c’est Pierre-Henry Mercier, brillant fils de famille, très charismatique, qui a connu une ascension assez fulgurante, même s’il n’a aucune expérience politique et le voilà à la porte du pouvoir.

De l’autre côté, il y a Nathalie Pove, une journaliste reléguée à la rubrique « foot » par sa chaîne de télévision, qui est chargée de couvrir cette campagne du second tour car les titulaires sont indisponibles.  En duo avec son fidèle assistant cameraman, elle commence une enquête sur Pierre-Henry Mercier qui va la conduire dans des situations assez stupéfiantes et quand même dangereuses. On a très bien compris le postulat de base de Dupontel qui veut, à sa manière, bousculer et dénoncer l’hypocrisie et l’inopérance politique mais il part dans tous les sens avec des digressions scénaristiques et des rebondissements assez invraisemblables qui déstructurent la trame narrative du film.  Il y a des moments drôles, réjouissants, émouvants mais on finit par être égaré par l’affolante profusion de Albert Dupontel qui tient aussi le rôle de Pierre-Henry Mercier. 

Face à lui, presque un peu plus à côté par la suite, Cécile de France, toujours pétillante et pleine d’entrain.

André Ceuterick

Clap Ciné du 1 novembre
Publié le 2 novembre, 2023

« Les feuilles mortes »

Le film à voir absolument. En une vingtaine de films, le réalisateur finlandais Aki Kaurismaki a d’ores et déjà construit l’une des plus belles œuvres de cinéma, dans un style personnel, unique et inimitable et surtout empreinte d’une grande et si profonde humanité.  On se souvient de « L’homme sans passé », de « Le Havre », de « L’autre côté de l’espoir » et bien sur de « Au loin s’en vont les nuages » l’une de ses premières perles, dans les années 90.

Dans « Les feuilles mortes », gratifié du Prix du Jury au dernier festival de Cannes, il met en scène, avec délicatesse et sobriété, la rencontre de deux solitaires que la vie n’a pas beaucoup gâté.  Ansa travaille dans un supermarché dont elle sera renvoyée avant de trouver un boulot de plongeuse dans un petit club dont la patron est arrêté pour trafic de drogue.  Elle s’en va sans être payée …

Holoppa est ouvrier, manœuvre, manutentionnaire, dans une usine de pièces métalliques mais il boit beaucoup et finit par être renvoyé. 

Dans la banlieue triste et grisaillante de Helsinki, ils sont les marginaux d’aujourd’hui, victimes de l’injustice sociale qui semble être devenue un état naturel.  Kaurismaki ne s’embarrasse pas de quelque critique socio-libérale.  Il regarde, et nous avec lui, ces deux-là, en errance consentie et acceptée mais à qui le hasard, malgré quelques mauvais contretemps, va offrir cette rare occasion d’un  amour unique.  Et devant la caméra de Kaurismaki, cette improbable rencontre amoureuse, vécue presque au ralenti et soumise au caprice de certaines infortunes au quotidien, cette rencontre amoureuse devient alors presque magique et un très beau moment de cinéma.

Très peu de mots, juste ce qu’il faut pour rester parlant, quelques signes dans des décors presque figés, rien de pathétique ni de larmoyant mais, dans l’ensemble, une pénétrante bouffée de chaleur humaine.

Et reprenons ici la phrase de Kaurismaki lui-même :  « Mon angoisse face à des guerres vaines et criminelles m’a enfin conduit à écrire une histoire sur ce qui pourrait offrir un avenir à l’Humanité : le désir d’amour, la solidarité, le respect et l’espoir de l’autre ... »  Tout est dit !

« Second tour »

Le nouveau film de l’acteur-réalisateur Albert Dupontel qui reste sur quelques jolis succès avec « 9 mois ferme », « Adieu les cons » et « Au revoir là-haut ».

Dans « Second tour », il s’en prend, avec sa verve caustique habituelle et sa fantaisie débordante, au monde politique actuel, à son immobilisme, son clientélisme, son hypocrisie et ses réseaux d’influence prêts à tout pour tirer les ficelles du pouvoir.

Le héros du moment, favori pour le second tour de l’élection présidentielle, c’est Pierre-Henry Mercier, brillant fils de famille, très charismatique, qui a connu une ascension assez fulgurante, même s’il n’a aucune expérience politique et le voilà à la porte du pouvoir.

De l’autre côté, il y a Nathalie Pove, une journaliste reléguée à la rubrique « foot » par sa chaîne de télévision, qui est chargée de couvrir cette campagne du second tour car les titulaires sont indisponibles.  En duo avec son fidèle assistant cameraman, elle commence une enquête sur Pierre-Henry Mercier qui va la conduire dans des situations assez stupéfiantes et quand même dangereuses. On a très bien compris le postulat de base de Dupontel qui veut, à sa manière, bousculer et dénoncer l’hypocrisie et l’inopérance politique mais il part dans tous les sens avec des digressions scénaristiques et des rebondissements assez invraisemblables qui déstructurent la trame narrative du film.  Il y a des moments drôles, réjouissants, émouvants mais on finit par être égaré par l’affolante profusion de Albert Dupontel qui tient aussi le rôle de Pierre-Henry Mercier. 

Face à lui, presque un peu plus à côté par la suite, Cécile de France, toujours pétillante et pleine d’entrain.

André Ceuterick