« Les Filles d’Olfa » réalisé par la Tunisienne Kaouther BEN HANIA (à qui on devrait déjà « La belle et la meute » en 2017 et « L’homme qui a vendu sa peau » en 2020). Présenté en compétition officielle au dernier festival de Cannes.
Le film apparaît globalement, comme un documentaire qui relate une histoire vraie, sur un sujet extrêmement grave, dans lequel s’immisce la fiction avec pertinence et subtilité.
Olfa Hamrouni vit avec ses deux filles adolescentes, Eya et Tayssir. Ses filles aînées, Rahma et Ghofrane, ont disparu en 2015. Pour raconter leur histoire, Kaouther Ben Hania a mis en place un dispositif de cinéma assez inventif et original où elle fait interpréter par deux actrices professionnelles les deux absentes et une troisième (l’excellente Hend Sabri, star dans les pays arabes) joue le rôle de Olfa, la mère, dans les moments les plus éprouvants, mais elle est aussi présente elle-même dans l’Histoire ainsi que les deux plus jeunes qui jouent leur propre rôle.
Ce jeu sur le cinéma du réel et de la reconstitution permet de faire revivre les faits, au lieu de simplement les raconter et donner lieu à quelques scènes touchantes (quand Olfa rencontre pour la première fois les deux actrices qui joueront ses filles disparues) ou de grande intensité quand Hend Sabri se substitue à la « vraie » Olfa.
A travers ce voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, Kaouther Ben Hania pose une réflexion bouleversante sur les rapports mère-fille au sein d’une société sans véritables libertés.
Un film fort qui constitue à la fois un cri de détresse et un cri d’alarme … alors que plane l’ombre meurtrière de la radicalisation.
« Yannick »
Quentin DUPIEUX est un réalisateur complètement à part dans le cinéma français (« Le Daim », « Fumer fait tousser », « Incroyable mais vrai »).
Un cinéaste de l’étrange, du non-sens, de l’improbable. En tout cas déroutant et toujours surprenant.
C’est encore le cas avec « Yannick », son nouveau film dont « l’action » se passe exclusivement dans un petit théâtre privé parisien. Sur scène, trois acteurs jouent une mauvaise pièce de boulevard, «Le cocu ». Soudain, en plein milieu d’une scène, un spectateur se lève et interpelle les comédiens : Yannick, un gardien de parking qui vient de Melun, se plaint de la qualité du spectacle. Il était venu passer un bon moment, se divertir, il a dû prendre un jour de congé et faire un déplacement conséquent. Il veut qu’on écoute sa déception mais ni les comédiens, ni le public ne sont vraiment réceptifs. On l’oblige à sortir mais arrivé au vestiaire, il entend des rires et des moqueries venant de la salle. IL réapparaît armé d’un pistolet et … il va réécrire la pièce.
C’est drôle, loufoque presque ludique, du moins au départ mais le ton burlesque fait ensuite place à une farce satirique, voire même un peu tragique du monde du spectacle …
Le film est volontairement bavard, confus, presque incohérent, tel que l’a voulu Dupieux. Si on veut forcer la caricature on dirait que c’est le benêt de banlieue qui fait irruption dans le cocon bourgeois de la culture parisienne mais on comprend plutôt l’exaspération de ce Yannick marginalisé.
André Ceuterick
« Les Filles d’Olfa » réalisé par la Tunisienne Kaouther BEN HANIA (à qui on devrait déjà « La belle et la meute » en 2017 et « L’homme qui a vendu sa peau » en 2020). Présenté en compétition officielle au dernier festival de Cannes.
Le film apparaît globalement, comme un documentaire qui relate une histoire vraie, sur un sujet extrêmement grave, dans lequel s’immisce la fiction avec pertinence et subtilité.
Olfa Hamrouni vit avec ses deux filles adolescentes, Eya et Tayssir. Ses filles aînées, Rahma et Ghofrane, ont disparu en 2015. Pour raconter leur histoire, Kaouther Ben Hania a mis en place un dispositif de cinéma assez inventif et original où elle fait interpréter par deux actrices professionnelles les deux absentes et une troisième (l’excellente Hend Sabri, star dans les pays arabes) joue le rôle de Olfa, la mère, dans les moments les plus éprouvants, mais elle est aussi présente elle-même dans l’Histoire ainsi que les deux plus jeunes qui jouent leur propre rôle.
Ce jeu sur le cinéma du réel et de la reconstitution permet de faire revivre les faits, au lieu de simplement les raconter et donner lieu à quelques scènes touchantes (quand Olfa rencontre pour la première fois les deux actrices qui joueront ses filles disparues) ou de grande intensité quand Hend Sabri se substitue à la « vraie » Olfa.
A travers ce voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, Kaouther Ben Hania pose une réflexion bouleversante sur les rapports mère-fille au sein d’une société sans véritables libertés.
Un film fort qui constitue à la fois un cri de détresse et un cri d’alarme … alors que plane l’ombre meurtrière de la radicalisation.
« Yannick »
Quentin DUPIEUX est un réalisateur complètement à part dans le cinéma français (« Le Daim », « Fumer fait tousser », « Incroyable mais vrai »).
Un cinéaste de l’étrange, du non-sens, de l’improbable. En tout cas déroutant et toujours surprenant.
C’est encore le cas avec « Yannick », son nouveau film dont « l’action » se passe exclusivement dans un petit théâtre privé parisien. Sur scène, trois acteurs jouent une mauvaise pièce de boulevard, «Le cocu ». Soudain, en plein milieu d’une scène, un spectateur se lève et interpelle les comédiens : Yannick, un gardien de parking qui vient de Melun, se plaint de la qualité du spectacle. Il était venu passer un bon moment, se divertir, il a dû prendre un jour de congé et faire un déplacement conséquent. Il veut qu’on écoute sa déception mais ni les comédiens, ni le public ne sont vraiment réceptifs. On l’oblige à sortir mais arrivé au vestiaire, il entend des rires et des moqueries venant de la salle. IL réapparaît armé d’un pistolet et … il va réécrire la pièce.
C’est drôle, loufoque presque ludique, du moins au départ mais le ton burlesque fait ensuite place à une farce satirique, voire même un peu tragique du monde du spectacle …
Le film est volontairement bavard, confus, presque incohérent, tel que l’a voulu Dupieux. Si on veut forcer la caricature on dirait que c’est le benêt de banlieue qui fait irruption dans le cocon bourgeois de la culture parisienne mais on comprend plutôt l’exaspération de ce Yannick marginalisé.
André Ceuterick